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Souvenirs

Revue N° 20 Page 36

Décembre ! Période morte du cyclisme, marque la somnolence physique certes, mais aussi quelquefois une attention plus soutenue sur l'information.

Tiens un courrier des "Cent Cols" ! Démarche tout à fait inhabituelle.
"Le club des Cent Cols va fêter son 20ème anniversaire et le 11 Juillet 1992..."

Pas possible ! Je rêve, mais ... c'était hier ! Septembre 1973: Lyon-Mont Ventoux-Lyon, dernière grande classique de la saison, réunit un peloton de 29 participants, rien de commun avec le gigantisme atteint depuis par certaines manifestations. Mais jamais épreuve n'offrait autant de facettes positives : sport, tourisme, convivialité, rencontre d'échanges et d'amitiés, collectivité générale (progression, arrêts, repas, hébergement), LMV était tout cela à la fois. Le V.C d'Annecy présent sur tous les fronts à cette époque, alignait 7 sociétaires, soit près du quart de la participation, je peux, je dois les citer: Baleydier, Brunier, Dufrène, Mauller, Perdoux, Pricaz et Régis, tous grands randonneurs.

Le club des "Cent Cols", à l'initiative de Jean Perdoux, était lancé depuis 1972 et comptait ses 83 premiers sociétaires. Bien entendu, les conversations des 2 jours se sont maintes fois orientées sur le "Club". Il faut dire que le peloton comptait encore Truchi, Mistler, les chambériens Grenier, Del Medico, Fructus, Gouttes puis Metzler de l'ASEB et enfin Louis et Christiane Bonny de Marseille, tous sociétaires ou presque. Autant dire que ce LMV était le cadre d'une concentration du "Club des Cent Cols" avant l'heure. Ce fut en tout cas le point charnière de mon intronisation. L'idée du club était originale, non contraignante (pas de contrôle, tampons, photos, cartes postales et j'en passe) sensibilisait le pratiquant à se remémorer ses traces antérieures, à en ébaucher de futures.

Pour tout cela, pour l'amitié qui me liait alors au VC Annecy, pour mon inclination pour les deux Savoies, je devenais fin 1973 l'adhérent n°99 avec 113 cols.
Depuis, il y eut les concentrations, en 1974 à la Forclaz le Montmin et en 1978 au col de Cherel, diablement sympathiques, conviviales dans une nature splendide, intacte, ces rassemblements symbolisaient admirablement l'idée de base du mouvement.
Puis malheureusement, l'anti-concentration en 1980 au col de Lancise, personne, pas de contact, quelques fantômes sans voix venaient renifler une tente où étaient déposés livre et stylo, l'immense déception.

1980, c'est aussi la déchirure du cyclisme de loisirs, consécutivement aux humeurs des fédérations dites "dirigeantes". Bon nombre de clubs sont déstabilisés, le CT Chambéry et le VC d'Annecy, fleurons du Dauphiné Savoie n'échappent pas à la crise, les membres forts du VCA se portent en dissidence. Le paysage se modifie et, quoiqu'on dise, il y aura dorénavant l'avant 1980 et l'après 1980.

Revenons au "Club des Cent Cols" objet de cette réflexion. Il accuse avec plus de 1050 adhérents entre 1979 et 1983 sa plus forte progression.
En 1984, le CT Montferrand aujourd'hui fort de 17 "Cent Cols" apporte sa contribution en organisant la concentration nationale. Rassemblement remarquable dans la plus pure tradition, sur le site unique du plateau de Gergovie. La même année je participe pour la 4ème fois au "circuit des Aravis", plaisir renouvelé de cycler dans cet attachant massif. C'est aussi l'occasion du contact avec de nouveaux visages du VC Annecy, cumulé d'une réunion sympathique avec les anciens "guerriers" du VCA.
Ensuite dans l'intervalle nous amenant à l'aube de 1992, une présence discrète, trop discrète vis à vis du club. Pas de motivation particulière pour les concentrations nationales proposant des rendez-vous de 9h à 15h sur des sites très excentrés. Tout de même, un point fort sur cette période : ma rencontre avec Jean Perdoux, début 91 à Clermont-Ferrand, permettant l'évocation du passé mais aussi le constat de notre indisponibilité à faire mieux pour le moment.

Mais enfin, pourquoi être sociétaire des "Cent Cols" ? Quelle motivation ? Personnellement, ai-je l'esprit, le profil, l'enveloppe globale d'un "'Cent Cols" ?

Suis-je un bon sociétaire ?
OUI car :
J'ai toujours renouvelé sans discontinuer mon adhésion.
J'ai conservé les 19 revues éditées à ce jour.
Je pense être porteur du sentiment d'appartenance, pas 365 jours par an, mais quand même.
NON car :
Je n'ai pas assez collaboré au club, à sa revue.
Je n'ai pas entièrement lu les revues.
Je ne possède pas le moindre guide et en particulier le "Petit Robert" (Chauvot) des cols français.

Suis-je un sociétaire performant ?
NON : depuis mon adhésion j'effectue 27,6 cols nouveaux par an. A ce rythme je ne suis pas à la veille de m'inclure au tableau d'honneur.
Fin 89, j'envoie une liste vierge, après avoir effectué 15.000 km et sûrement 80.000 m d'élévation. Il faut le faire !
Très peu de muletiers, un par centaine.

Trop récidiviste, escalader 22 fois l'Alpe d'Huez et 25 fois le Galibier dans les 10 dernières années, n'est pas le fait d'un vrai "Cent Cols".
Le constat non complet, mais nécessaire certes, n'est pas une remise en cause de ma fidélité au "club des Cent Cols'.
Sincèrement, je pense posséder un avenir dans la confrérie, l'âge et la disponibilité venant, devraient me permettre plus d'évasions.
Cependant chaque association, groupement, confrérie se doit de rassembler l'ensemble de la panoplie des genres, y compris l'élite indispensable et dynamisante pour ceux qui souhaitent s'en rapprocher, le club des "Cent Cols" n'échappe pas à la règle.

Cet écrit, il est vrai, n'évoque pas de cols, d'altitudes, de pourcentages ni de développements, ce sera son originalité.
A l'approche d'une nouvelle décennie du club, puisse à chacun de nous, conserver la santé, la motivation, pour continuer à pratiquer ce sport si valorisant et les relations privilégiées qui s'y rattachent.

Bernard PIGUET N°99

C.T Montferrand


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