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Mes premiers cent cols

Revue N° 20 Page 34

PREMIERS ECHOS

Début 87 : la famille décide de la destination à prendre pour les prochaines vacances d'été. Ce sera la montagne, le Grand-Bornand plus précisément. Le syndicat d'initiative local nous fait parvenir la liste des appartements et, parmi les dizaines de propriétaires, nous optons pour Félicien Missilier. Avec un prénom pareil, ce ne pouvait être que quelqu'un de brave... Le hasard a bien fait les choses puisque le secrétaire du Vélo-Club Jura de Bouxwiller passera deux semaines dans l'appartement du président d'honneur des Cyclos de la vallée de Thônes. C'est lui qui le premier me parlera du Club des Cent Cols. L'Alsacien de la plaine ne s'y attarde guère; des cols il y en a bien sûr quelques-uns dans les Vosges, mais bien moins nombreux qu'en Savoie.

LE DECLIC

Le temps passe. Je revois Félicien lors du Circuit du Reblochon organisé à Thônes en 1988. Abonné au "Cycle", je tombe sur un article consacré au Club des Cent Cols dans le numéro de juin 90.Je fais les comptes, juste pour voir, et j'arrive au modeste total de 19 cols. Dans quelques semaines, mes congés me mèneront une fois de plus à la montagne, du côté de Morgins, en Suisse. Pourquoi ne pas étoffer mon palmarès et tenter d'y entrer, dans ce fameux club de Cent Cols ? Quel joli pied de nez ce serait envers mes copains du club, tous plus à l'aise dès que la route grimpe, que moi avec mon mètre quatre-vingt-deux et mes quatre-vingt-cinq kilos ! Un premier courrier pour de plus amples renseignements (dans ma lettre je me fixais 1993 pour atteindre l'objectif : Mr Dusseau, pas d'accord, rectifiant en fixant l'échéance à 1991...) un second pour recevoir le recueil des cols français, l'affaire est engagée. Premier travail : effectuer l'inventaire des cols franchis à ce jour.

SURPRISE

Avec la liste des cols suisses et allemands que je me suis empressé de demander, j'ai atteint en une soirée (le temps de les localiser) le total de 32. Inutile de préciser que j'ai éprouvé du mal à trouver le sommeil ce soir-là, tellement j'étais fiévreux.

1990 : C'EST PARTI

Le rendez-vous qui clôture la première moitié de la saison a pour but Gérardmer. Une sympathique ballade où les grosses cylindrées du club se retrouvent, d'abord sur la route, puis autour d'un barbecue, en famille. Dans quelques jours, ce sera le départ pour les vacances. Quatre à cinq semaines où l'on se perdra de vue. Une soixantaine de kilomètres d'échauffement, et nous voilà dans la vallée de Thann. Premier obstacle : le col du Bramont. Au sommet, Alain s'en retourne chez lui. Nous apprendrons plus tard qu'il s'est retrouvé, après avoir emprunté une route secondaire, dans un chemin de terre, entouré d'un immense champ de colza ! Le quatuor restant oblique vers le col de la Vierge. La descente sur La Bresse (chaussée étroite, sinueuse et gravillonnée) n'est pas sans dangers. Le soleil chauffe et je souffre dans le col de la Grosse Pierre.

Une bière fraîche au sommet et c'est la plongée vers Gérardmer, non sans avoir au passage du col du Haut de la Côte, remis le 39. Après le col de Feigne sous Vologne, nous repassons le Bramont côté vosgien, pour rejoindre nos familles sur les bords du lac de Kruth. Fructueuse journée avec cinq nouvelles victimes.
Avant de boucler les valises pour les congés, Jean Louis m'emmène en Suisse. Lui aussi se pique au jeu (des problèmes familiaux l'empêcheront de continuer) et il fait son inventaire (il en totalise une bonne soixantaine, ayant déjà participé à la 'Marmotte'). Les cols Sur la Croix et Moron rejoignent le peloton des victimes.
Destination Morgins (Valais) pour les vacances. Une première sortie me mène sur les pentes du col du Corbier, auquel succède la longue montée vers le col de Bassachaux et l'avenue du Pas de Morgins, depuis Châtel.

Programme ambitieux ce 28 juillet. Je dévale la vallée d'Abondance jusqu'à la Vacheresse, avant d'enchaîner le Grand Taillet, Jambaz (par Bellevaux), Terramont, le Perret et Saxel. Retour à Boëge où la fatigue commence à se faire sentir. Deux croissants et une grande bouteille d'eau sur la terrasse d'un café me remettent d'aplomb. Par la D40, je traîne plus que je ne file vers le col de Cou, reviens aux Moises, retourne à nouveau pour terminer la chasse par le col des Arces. Deux ou trois arrêts seront nécessaires pour arriver au bout de mon chemin de croix (du moins je le crois). A Lullin j'évite de prendre à gauche. Je n'ai plus envie de jouer avec le Feu (col du ...). La D26 me mène à Reyvroz. La carte (IGN 450) m'invite à plonger vers Bioge par le Pré. Hélas, au chemin 'irrégulièrement entretenu' succède un chemin de terre puis de pierres. Et c'est par un véritable lit de torrent à sec que je rejoins la vallée de la Dranse.

La remontée vers Châtel sera pénible. J'avale tout : aux 1664 succédera le yaourt liquide. Finalement, c'est à Richebourg, sur le seuil d'une chapelle, que se termine mon chemin de croix. L'orage qui menace a incité ma famille à venir à ma rencontre.
J'emmène ma famille, et mon vélo, aux Gets. Au menu de cet après-midi lourd et nuageux : le col de l'Encrenaz par la Côte d'Arboz (un blâme pour l'Equipement qui cet après-midi a remis en état (!) la route à l'aide de goudron et de gravillons : jamais vu une telle saloperie), la Savolière, la Ramaz puis retour aux Gets.
La fin du séjour approche. Je suis, je dois l'avouer, saturé de vélo. Pour changer, je loue un Mountain-Bike (chez Charles Sports à Châtel, accueil sympa, tarif convenable). Je m'amuse comme un petit fou. J'en bave aussi, notamment entre le col du Saix et celui de Reculaz. J'ai un coup de génie et je décide de rejoindre les chalets du Mouet par le Verle (visez un peu les courbes de niveau). Chétillon, Recon et Braitaz suivent.

Retour au pays. Le 12 août, je quitte seul le Sundgau pour une ballade vosgienne. Le Bussang, le Page, Oderen et Diebold-Scherrer tombent. Après le Hundsrück, déjà escaladé par Bourbach, et que je découvre par Bitschwiller, je loupe la bifurcation qui devait me mener vers le col du Schirm. Une fois dans la vallée, je m'en veux. Je me console en allant encourager les meilleurs amateurs du monde sur le Regio-Tour.
Le 6 octobre, la Réselle de Movelier clôt mon palmarès 90.

DITES 33

Mon capital s'élève à 67 cols en ce début d'année. Persuadé que les 33 qui me manquent se 'rendront' au cours des prochains mois, j'aborde ma saison dès le 6 avril. Sur les petites routes du Jura soleurois, avec Jean Louis, je découvre le Dietel (dur) l'Eichmatt (boulevard) le Barsberg (pied à terre avec le 39x22) et le Gausmet.
29 avril : l'Eichenberg me pose quelques problèmes depuis Dornach. Je pousse une pointe vers Nunningen et franchis l'Oberkirch.
30 mai : randonnée VTT pour le troisième et dernier col du sud de l'Alsace (avec le Burgerwald et Neuneich) la Roti Flueh. Je suis prêt à relever le défi : des membres du club des Cent Cols, je serai sans doute le seul à l'avoir au palmarès. Faut non seulement être cyclo mais aussi orienteur pour le dénicher.
Le lendemain (je suis en congé) toujours à VTT, c'est l'Ober Ritzigrundn en Suisse, qui gonfle mon palmarès.

Le 30 juin, Pompière et Chésel, toujours en Suisse (près de Delemont) tombent.
La sortie de clôture de la première moitié de saison nous mène à nouveau à Gérardmer. Trois cols (déjà au palmarès) sont plus ou moins bien escaladés avant d'attaquer la Schlucht par Retournemer et le Collet (j'en bave). Un bon repas marcaire à la ferme auberge de Breitshouse et nous filons sur la route des Crêtes où se succèdent Hahnenbrunnen, Herrenberg, Haag, Amic et Moorfeld. Une journée fertile...
C'est les vacances. Une fois de plus, Morgins sera ma destination. Dès le 23 juillet, je retourne chez Charles Sports, mon premier 2000 est au programme. Ce sera le pas de Vuerca. Par les Rarnines, Luessert et les Lapiaz, j'arrive au col. Je ne m'y attarde guère car il vente, et je suis trempé (... la marche à pied). J'ai du mal à retrouver une piste dans les combes, mais retrouve finalement le chemin qui mène aux chalets de Plaine Dranse. Une grande bière et une assiette de frites, un petit tour dans la chapelle et je repars vers le col de Bassachaux-nord. A ce propos, un panneau indique aux randonneurs "Col de la Grange".

Le 29 juillet, je remets ça, toujours à VTT. De Châtel je me hisse à Morgins où j'attaque la longue montée vers les Portes du Soleil. Un casse-croûte au pied du calvaire, avec une vue magnifique sur les sept Dents du Midi et je repars vers les Portes de l'hiver. Un rapide aller retour vers la troisième porte, celle de Ripaille, et me voilà prêt à franchir le Pas de Chavanette. Rude ascension qui me prendra près d'une heure, depuis le point coté 1814 (côté suisse) jusqu'au col. Une nouvelle pause avant de remonter la piste de ski qui me mène au col du Fornet où la couche de neige est encore importante. Je reviens sur mes pas, repasse sous Chavanette avant d'accrocher mon quatrième 2000 le Pas de Cuboré. La descente vers les Lindarets est grisante. Mais quel calvaire pour revenir sur le GR5 qui me mène à Bassachaux

Pénible le réveil ce matin du 2 août. La veillée fut longue (fête nationale suisse). Pour la première fois, j'enfourche mon vélo de route. Direction Monthey, puis Martigny et la longue montée vers le Grand Saint Bernard. Qu'elle fut pénible ! Très peu de cyclos (deux ou trois VTT) beaucoup de voitures, sans parler du froid régnant au sommet (heureusement que j'avais consulté le guide Michelin) Un col qui ne m'a guère emballé.

C'est avec plaisir que je retrouve les paysages plus ondulants de l'Alsace et des Vosges. Les Vosges où belle maman est en cure. Bermont, Chapont, le Bonhomme, Pré des Raves et Bagenelles sont les prochaines victimes. Des Bagenelles, je veux rejoindre Aubure par l'auberge du Haïcot en empruntant une route 'régulièrement entretenue' selon l'IGN. Peu après l'auberge, la route se termine dans un parking. Cyclable au début, la route forestière est bien vite ravinée. Je suis perdu et c'est grâce au balisage du Club Vosgien que j'échoue, ô surprise, au col de Pierre des Trois Bancs (avec un boyau arrière crevé). Je préfère poursuivre la descente vers Aubure à pied.

17 août : nouvelle visite à belle maman. Je quitte femme et enfants à quelques kilomètres de Turckheim. Au menu : collet du Brandt, col de Fréland et col du Haut de Ribeauvillé.

1 septembre : avec une dizaine de membres du club, nous participons à la 'Vosgienne' de Thann. Une cyclosportive qui a une petite sœur: la 'Minivosgienne'. Prudent, je préfère celle-ci. Elle m'apportera tout de même trois nouvelles réussites : Freundstein, Silberloch et Herrenflüh.

Prosper RUETSCH

N°3404


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