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Variante par l'Essaure

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Que la partie du chemin N°2 de Menée à Chichilianne (Isère) passant par Bénevise et traversant la montagne de Combau, ne sert sur la partie comprise en amont de Bénevise qu'à l'usage particulier de quelques habitants. Comme voie de communication entre la commune de Chichilianne et celle de Treschenu, pendant cinq ou six mois de la belle saison, étant le reste de l'année impraticable à cause des neiges et des glaces qui s'y amoncellent, elle n'est fréquentée que par quelques contrebandiers marchands de vin ambulants qui, pour échapper plus facilement à la surveillance des agents, suivent cette voie déserte.

Extrait des délibérations du conseil municipal de la commune de Treschenu (Drôme), le 22 août 1850, cité par Séverine Beaurnier, "Un homme, un village" (Centre alpin et rhodanien d'ethnologie).

Le but de ces propos était de prouver l'inutilité de l'entretien de ce passage, d'obtenir en contrepartie des aides pour améliorer la desserte du col de Menée, très fréquenté. C'est l'époque où l'on réclame le percement du tunnel : vœu exaucé 34 ans plus tard. Bref, le texte indique l'existence d'une voie parallèle à Menée, à vocation déjà en dehors des clous. Raison plus que suffisante pour y aller voir de près.

Aujourd'hui, le parcours ne présente pas de difficultés particulières : il permet de trouver un suivi à la route du valIon du Combau dont le revêtement s'arrête à la fontaine des Prêtres, offre des vues très agréables et variées, donne même 1'occasion de franchir un col, Pas de l'Essaure 1670 mètres. Petite concession à la civilisation, nous sommes bien sur le sentier, mais au Pas, accueille un vaste panneau, litanie d'interdictions - on touche à la zone des hauts plateaux du parc régional du Vercors. Quelques promeneurs polis, qui me demanderont pourquoi je n'utilise pas un VTT (justement sur la liste des interdits).

J'ai abordé la montée à Chichilianne. Me fiant à une IGN 1/25.000 appelée "Hauts Plateaux Sud" N° 228, j'oblique à gauche au lieu dit Verzelles, franchis le ruisseau des Arches, vaste lit de cailloux sans eau, pour parvenir aux Fauries d'où commence une rude montée à travers le bois. Chemin très large, en bon état, pour seul désagrément une pente très raide, mais cela se passe sous un continuel et généreux couvert de feuillus. Plus haut on rejoint une sente qui monte peut-être bien aussi de Verzelles : est-elle moins dure ? C'est ce que laisse croire la carte, cela vaudrait le coup d'essayer. La suite multiplie les lacets alors que la pente est devenue plus sage.
Instant rare, lorsque parvenu vers les prairies du sommet, émerge plein nord le Mont Aiguille. La vue porte loin désormais, du Dévoluy au lointain Oisans. De la crête, détour obligé au nord-ouest vers le point coté 1713 sur la carte : vaste vue circulaire de plein vent.

Pour les collectionneurs de cols, nous sommes à proximité immédiate du Creuson. Les patients imagineront alors une autre traversée, en provenance du Pas de l'Aiguille par exemple.

La descente par le Combeau est très reposante. Lorsque j'y passai fin juillet, l'herbe avait un vert très doux, tandis que les rochers de la Montagnette étaient rehaussés par le contre-jour d'un soleil de fin d'après-midi. Intense activité aux bergeries, et les promeneurs se font plus nombreux car on approche le goudron que l'on retrouve donc à la source de la Fontaine des Prêtres. A partir de là, descente en roue libre jusqu'à Bénevise par un itinéraire admirable et parfois grandiose lorsqu'on sent se dérober sur la gauche les falaises du Rocher du Combeau. Avant d'arriver au village, je saluai sur la droite la piste de Tussac, aventure d'il y a quelques années, qui m'avait conduit jusqu'à la bergerie du Jardin du Roi (il n'y a pas de col...), mais c'est une autre histoire.

Si on aime ces régions, on peut lire, outre le livre de S. Beaumier, "Glandasse" de J.X. Chirossel et "Un Roi sans divertissement" de J. Giono.

Bernard CHANAS

Oyonnax (Ain)


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