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Quand on aime on ne compte pas

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Après quatre heures de train (200 km, ça c'est de la moyenne !), ce 20 novembre, je descends à la Faurie. Si à Lyon, le ciel était couvert, il brunissait même, ici c'est le grand bleu, ce bleu d'hiver en montagne qui ne se décrit pas, qui se vit.

Le cuissard long et le blouson sont au fond de la sacoche. Ne restent que le short, le T-shirt et le sweat-shirt. 4 km de faux plat descendant. Au carrefour, je laisse les deux routes goudronnées pour m'engager vers les buts du jour: les cols du nord de Veynes-Dévoluy. Le premier est fléché : Col de l'Angélus.

Il fait tellement bon au soleil qu'au bout de 200 mètres le sweat passe aussi dans la sacoche. La route est bonne. Pente moyenne. Le parcours fléché : des vététistes sont passés par là et jusqu'au Col de Berthaud je n'aurai qu'à suivre les balises. Cela monte régulièrement, avec, souvent, au soleil, entre feuilles et pierres, le bruissement d'un lézard apeuré par mon passage.

Altitude 1000 mètres. La route devient plate ou presque. Les passages à l'ombre deviennent boueux. Ne pas hésiter à contourner les flaques, même à pied elle ne paraissent pas profondes pourtant une anodine m'a abruptement bloqué avec ses 25 cm de boue cachés sous 2 cm d'eau limpide.

Col de l'Angélus 1088 m. Tiens, une route monte du hameau d'Agnielles et elle semble encore meilleure.
Le Col de Gaudissart est fléché. Très bonne route et, surprise, en arrivant au col, de découvrir une dizaine de peupliers déplacés dans ce décor aride. Du Col de Gaudissart il y a la possibilité d'aller chercher les Cols de Steve 1340 m et de Rambaud 1510 m. Si le chemin paraît bon, dés qu'il passe à l'ombre, les ornières deviennent réelles et boueuses. J'ai renoncé : du 700x32 avec garde-boue ne vaut pas un VTT. Quoique même un VTT...
Donc direction le Col de Berthaud 1328 m par une route aussi bonne. De ce col, superbe point de vue sur les sommets légèrement enneigés qui dominent Glaise, hameau sis 200 mètres sous mes roues. Là va commencer le muletier.
Je quitte la piste VTT pour prendre le GR vers le Col de la Chaise 1326 m. C'est très roulant, mais en poussant on apprécie encore mieux le superbe panorama. Puis direction le Col de Pallier 1330 m.

La route est humide : 20 minutes pour faire 400 mètres; ne pas hésiter à porter, même si un poussage paraît suffire, il vous faudrait alors quand même nettoyer. Après le col, méfiance : on quitte la route au bout de 100 mètres.

Par le GR, le Col de Combe Noire est atteint sans avoir à beaucoup pousser. Altitude 1281 mètres. Il ne me reste plus qu'à rejoindre le Col de Cuberselle 1254 m. Cela roule (presque) tout le temps. Je verrai après des branches de sapins des petites touffes blanches dont je me demande encore ce que c'est.
Du col une route était sensée mener à la vallée. Je poursuis donc sur le GR.

A pics impressionnants sur la vallée du Buech et sur Veynes 400 m... Sujets au vertiges s'abstenir. Je roule, je pousse (un peu). Passage à éviter dans l'autre sens : il n'y a de la place que pour un. En descente ça passe, en montée les genêts sont soit pour le cyclo, soit pour le vélo.
Mais le plus dur reste à faire : à Veynes j'ai mis 5 minutes pour trouver la fin du GR et la route !

Avec de nombreux arrêts photos, j'ai fait 23 km (!), passé 8 cols (bonne moyenne), repeint mon vélo de noir à blanc, le tout en un peu plus de 3h30.
Et il reste encore quatre heures de train pour rentrer.

Pierre Chatel

Oullins (Rhône)


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