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P.P.H. (passera pas le HOUNTEREDE)

Revue N° 20 Page 08a

Il y a quelques jours déjà, la revue "Cyclotourisme" publiait un article de M. Roques, dans lequel il s'amusait à baptiser ainsi les quelques rares cyclotouristes sans doute amputés des deux bras, des deux jambes et des deux roues, incapables de franchir ce col de Hountérède (ou Hountarède) qui culmine à 475 mètres en Haute-Garonne et qui, selon lui, se passe dans un sens en 42x19 et dans l'autre en 42x20 ou l'équivalent.

Eh bien, je dois l'avouer, je suis PPH. J'ai pu franchir le Burdincurutcheta, le col d'Haphanize, le col de Castet, le col d'Ichère, le Pas de Peyrol, le col de Sarennes, de Beyrède, la Courade, le Couret (j'en passe et des moins durs !) mais je n'ai pas passé le Hountérède !

Je lis déjà sur tes lèvres, lecteur anxieux, la question: "comment cela est-il possible ?"
Eh bien, tout simplement parce qu'un beau jour de Pentecôte 1990, j'avais décidé, en partant de Luchon, de me rendre au col de Hountérède, via le Port de Balès, port de Pierrefite , re-Port de Balès, descente sur Mauléon-Barousse et visite de Saint-Bertrand de Comminges (sa cathédrale, son BPF...).

Le grand problème fut la descente du port de Balès. Je comptais mettre 20 minutes et il m'a fallu plus de 2 heures et demie, pour descendre 10 kilomètres ! Je me doutais bien que cette route ne serait pas bonne, mais pas à ce point. Certains cailloux étaient à peine moins gros que des ballons de plage. Devant telle adversité, mon pneu arrière, (un magnifique Bichelin Mip TS 20 tout neuf) préférait déclarer forfait dès le deuxième kilomètre de la descente. Pensant que son frère de devant ainsi que son remplaçant pourraient bien en faire autant, je préférais attendre le retour sur le bitume pour le changer. Je ne me doutais pas, à ce moment-là que ça allait durer plus de 10 kilomètres.
Pourtant, le sympathique berger de Bourg d'Oueil avait été des plus rassurants, lorsqu'à la montée je lui avais demandé pourquoi un panneau interdisait l'accès à la route du Port de Balès. "Du moment que les vaches y passent, je ne vois pas pourquoi un cycliste n'y passerait pas !" m'avait-il répondu, plein de bon sens, avant de continuer son chemin, vers la fontaine où son troupeau encorné allait se désaltérer.

Le cycliste y est passé, mais il a mis plus de temps que les vaches et lorsqu'il est arrivé à Saint-Bertrand de Comminges, il était déjà plus de 14 heures. Vu qu'il était attendu par sa famille et ses amis à Luchon pour déjeuner, il a tout de suite pris la grande route dans la vallée et il n'a pas passé le Hountérède ! Le pire, c'est que je n'ai pas honte, car je sais qu'un jour, je le passerai ce Hountérède. D'ailleurs, je me sens capable de franchir n'importe quel col, car j'ai un secret pour cela. Comme c'est mon copain, Gilbert, qui me l'a confié, il ne faut surtout pas le répéter: "Ami cyclo si même en 32x3O tu ne peux passer un col, alors, utilise le 49x3 et tu verras ça passe tout seul !"

Bonne année à tous et bon Hountérède à Pierre Roques.

Philippe BONNEAU - N°3039

Entente Bayers-Charente


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