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A L'ASSAUT DU MONT CHABERTON

Revue N° 19 Page 32

Nous quittons les voitures au col du Montgenèvre et enfourchons nos VTT.De là nous avons une vue sur le Mont Chaberton, 3136m ; c'est plutôt lui qui nous regarde de haut ! La paroi verticale semble nous défier comme une forteresse imprenable. C'est pourquoi nous ne l'attaquerons pas du côté français, mais nous le contournerons par l'Italie où une ancienne route militaire y accède non sans difficultés.

Nous passons la frontière sans problème et descendons à fond vers Clavières, Cesena Torinese et le village du Fenils que nous abordons sur la gauche par une petite route. Nous sommes descendus à 1300m d'altitude, il va falloir grimper un dénivelé de 1374 mètres pour atteindre le col du Chaberton à 2674m, celà en 15 Km. Nous voilà donc au pied du mur, Annick, Léon et moi-même.

Dès la sortie du village, la route s'élève paisiblement pour mieux nous surprendre par des pourcentages de 12 à 15%. Et là-haut, le Mont Chaberton semble nous narguer avec ses créneaux monstrueux où, autrefois, se nichait une batterie de canons. La vue sur ce mont est extraordinaire dans le ciel bleu. Nous arrivons à une ferme très rustique : vaches, moutons sont à l'enclos. Nous essayons un dialogue avec les paysans sans bien nous comprendre. Nous faisons le plein des bidons et reprenons notre ascension. Nous sommes dans des bois de mélèzes qui, au fur et à mesure que nous grimpons, deviennent de plus en plus rares et rabougris. C'est ensuite l'herbe rase et les rochers.

Mais la "routé", ou ce qu'il en reste, nous résiste au maximum. Nous consultons la carte car nous sommes à un croisement et il n'y a pas d'indication. La boussole nous indique le bon chemin et la grimpée reprend de plus belle !

Nous surprenons l'ami Léon parlant à ses jambes : "Ah mes pauvres jambes, vous êtes mal tombées avec moi ! Vous pourriez être bien tranquilles à Gréasque, au bistro, sous la table tandis que je jouerais aux cartes !" Sacré Léon ; c'est vrai que tu leur en fais voir de toutes les couleurs à tes jambes ; il faudrait un peu les économiser...
Le chemin s'escarpe de plus en plus ; nous sommes sur une corniche renforcée par des madriers d'époque avec des fers bâtis dans la roche.
Quel travail pour tailler cette route ! Nous revoilà en France ; la borne frontière est au bord du chemin. Un bruit de moteur nous incite à regarder plus bas ; ce sont trois motards qui grimpent aussi au Chaberton ; nous les laissons passer, l'état de la route les fait zigzaguer dangereusement. Nous les retrouvons plus haut car de la neige dure leur barre le passage ; nous passons en portant nos vélos. Le col nous apparaît contre le Chaberton. Nous nous arrêtons pour manger, les forces commencent à nous manquer d'autant plus qu'il est midi.

Confortablement installés contre des tas de pierres, nous dévorons notre repas et voyons les motards arriver heureux d'avoir franchi le mur de neige. Nous les regardons monter jusqu'au sommet du Chaberton par cette "routé" très incertaine.
Rassasiés nous reprenons nos VTT. Dur, dur pour redémarrer... Nous poussons nos vélos et les enfourchons de temps en temps. Enfin nous arrivons au Col de Chaberton, 2674m. Nous nous couvrons car le vent souffle et il ne fait pas chaud. Un regard vers le mont Chaberton, impressionnant même de si près, avec ses parois presque verticales.
Nous entamons la descente par le sentier donnant sur l'autre versant.

Nous devons encore porter nos vélos, la descente étant très raide dans les rochers.
Nous arrivons dans une vallée verdoyante où des groupes d'enfants jouent joyeusement. De là nous allons repartir à l'assaut de nouveaux cols dont l'accès est plus facile en VTT : le col des Trois Frères Mineurs (2586m), le col de la Lauze (2529m), le col du Dormillouse (2445m), qui tomberont dans nos escarcelles au Club des Cent Cols. Nous sommes tous heureux de notre journée Chaberton avec notre moisson de cols.

C'est par une descente effrénée (je n'ai plus qu'un frein valide) que nous rejoignons le col du Montgenèvre. Nous arrivons salués par une musique militaire ; non, non, ce n'est pas pour nous ; c'est pour fêter l'anniversaire de la Libération et à la gloire des Chasseurs Alpins.

Ce fut une belle journée de VTT qui en a appelé d'autres.
La montagne, le ciel bleu, le VTT c'est formidable ! Merci, mes amis, pour ces randonnées inoubliables !

Jean-Claude MOUREN

Cyclo-Sport Provençal Aix en Provence


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