Page 48b Sommaire de la revue N° 14 Page 51

Pour le sommeiller, suivre... l'étoile polaire

Revue N° 14 Page 49

19 Août 85. - 39ème jour de baroud, le conquérant est toujours sur son char... Rien n'arrête sa progression. Allure cahotante et tenue négligée. Pas de doute, il revient du front... (Voir sa campagne ("épuisante") Yougoslave). Ses mains "calleuses" rivées au guidon, il tire... "La casse déserte" où seul ! Ses pères (Coppi & Bobet) sont là... pour saluer son 19ème passage. Puis plus haut, son ami Roger (gardien du refuge Napoléon) toujours fidèle à l'Izoard. Parti au petit matin... de St Véran (la plus haute commune de France (2040 m) il retrouve l'ensoleillement "quotidien". Griserie... d'une descente ou l'attends en bas... la citadelle de Briançon. Pneu arrière "toilé...", il trouve aisément le change (pas évident un lundi...) Mais ! Toujours pas d'écrou... (manquant) au système de freinage. Nouvelle ascension... sur Montgenèvre où il se ravitaille. Visite du syndicat d'initiative qu'il prend au mat... en allant crapahuter vers les sources de la Durance. Tantôt poussant son treuil, tantôt appuyant sur les pédales, il s'élève... Le col des Gondrans (2325 m). Le site est grandiose et sa soif de découverte "incommensurable". Routes interdites, sur les forts militaires. Cela vaut la photo.. "évidemment".. Panorama propice au pique-nique. Le fakir "pédalant" va croquer la pomme... "N'est-il pas au Paradis"... Plongée (en enduro) dans la caillasse pour un retour sur la station de Montgenèvre. "Mais ! Pourquoi reprend-t-il donc la direction de Briançon lui qui devait poursuivre sur Sestrière..." "Qu'a-t-il encore mijoté..." Douce vallée de la Clarée où le tourisme camping est à l'honneur. Nevache ou plutôt... "peau de vache" au chauffard qui lui envoie une volée de gravillons au visage. Le poing levé "inutilement" il se console dans le col de l'Echelle. Au-dessus, un plateau étroit où les vacanciers peuvent jouer "aisément" aux jeux de balle, pétanque, etc... Lui ! Il doit se contenter des 4 Km 500 "dégueulasse" sur le versant "italien". Plus loin, c'est Bardonnecchia (charmante bourgade de la province d'Aoste) Un peu de flânerie..., puis c'est le début des hostilités... Vers le Sommeiller (3009 m) "C'est donc ça, la surprise..." (un rêve qui le hante depuis des années). Dures rampes jusqu'à Rochemolles. A partir de là ! C'est franchement muletier.

Surpris par la circulation "touristique" qui descend (trop rapidement) il en prend plein les mirettes. (C'est d'ailleurs le mauvais côté de l'ascension ; car en période estivale les automobilistes peuvent rouler jusqu'au sommet vu la largesse du sentier).

Notre cyclo-Raider "lui" a dû prévoir ce problème à cette heure-ci où le coucher du soleil approche. Il commence à gamberger. Le barrage qu'il laisse à gauche pour rencontrer plus haut 2 motards "sympas". "Si signore una refugia 5 chilamétro".
En effet, c'était un refuge... "Le Scarfiotti 2150 m" Car maintenant il ne fait plus office. Un "molasse" comme gardien (bergerie à proximité). Comme il ne sait pas où il en est, il décide de bivouaquer. Aucun problème pour lui... qui détient un fameux score de nuits à la belle... et s'allonger sur la terre est devenu chose rituelle Même à plus de 2000 m par - 5° parfois (sauf l'hiver dernier où par - 25°... il se gela 3 bouts de doigts en sciant du bois... chez lui dans le Berry). Ceci malgré l'invitation d'un chercheur de "pierres"... Piémontais qui campe à proximité du petit lac (feu à l'appui).

Le vent souffle en rafale et le ciel se noircit... Abrité... par un muret "l'homme" s'enfonce dans son duvet. Et quel duvet, depuis 31 ans qu'il le traîne... Véritable relique et compagnon d'infortune (s'il pouvait parler, il aurait de quoi remplir une caisse de cassettes...) Quelques grignotages... et c'est "Morphée" qui l'emporte. Oh ! pas pour longtemps, car St-Pierre commence à ouvrir les vannes... Poncho par dessus, il persiste... et gagne son pari sur les éléments. "La tempête s'éloigne". Partiellement trempé, il ne peut retrouver le sommeil. Et rester à rêvasser, c'est pas son truc, surtout ! que le ciel brille ("maintenant") de mille... constellations "Aller debout "fainéant", si tu veux "sommeiller"... c'est là haut !" Rassemblant ses affaires à la lueur de son "Atuvu" (aux piles usagées....) il part à la recherche du chemin... (Heureusement ! qu'il s'était orienté la veille) Nuit opaque (sans lune) il s'enfonce dans les ténèbres "les yeux grands ouverts" devant le néant. Finir à pied (en poussant le vélo) n'est pas un déshonneur... mais, une délectation "originale" de tout instant. "Le tourisme de nuit en montagne vous connaissez ?" Tantôt dans les lacets, tantôt en replat le fantôme... progresse pas à pas. Un exercice qu'il savoure du fond de ses entrailles... La montée vers les cieux, le dernier rempart vers le sublime... Puis ! Le temps passe, les découpes des crêtes se font plus nettes. Le vent devient frisquet... Petit névé qu'il laisse à droite. Il distingue maintenant l'échancrure du col, juste au-dessus ; "l'étoile polaire" qui brille de mille désirs... Dernière rampe... avant d'apercevoir le refuge, son lac rempli de luminosité, son glacier aux pistes skiables "C'est l'extase..." Abrité dans une caisse, il attend "définitivement" la levée du jour pour tirer quelques photos "souvenirs" qui resteront à jamais gravées dans sa mémoire.

PLAINE Patrick

BESSAIS-LE-FROMENTAL


Page 48b Sommaire de la revue N° 14 Page 51