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Les deux pieds dans le même sabot

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La marche d'approche se réalise par la route du Col de la Croix de Fer. On quitte rapidement celle-ci (retenue d'eau des Verneys) pour rejoindre Vaujany et La Villette par la D4SA. De là, on est à pied d'oeuvre pour l'attaque réelle (paraît-il...) du célèbre Col du Sabot.

Il s'agit, dans un premier temps d'une route d'exploitation minière, dans un second temps d'une route d'exploitation agricole, largeur 3 à 4 mètres. Sans problème de dénivelée excessive, beaux virages bien dessinés, magnifiques échappées sur la vallée de l'Eau d'Olle. On grimpe en direction générale vers le Nord-Ouest. Le chemin peut être barré par une clôture électrique à l'usage des bovins délimitant un alpage en service. Si vous avez la chance, vous trouverez plus haut une autre clôture électrique vous signifiant que vous êtes hors de l'alpage "habité". Si vous avez moins de chance, vous risquez de vous trouver nez à nez avec le troupeau de bovidés - 5 à 6 bêtes de front, à l'air pas très débonnaire et qui n'ont guère envie de se déplacer pour vous livrer passage. Ce qui m'est arrivé.

Un rapide coup d'œil permet de jauger la situation à gauche, les rochers surplombants, à droite une très haute marche descendante : 2 à 300 mètres ! Deux solutions : passer ou rebrousser chemin. La seconde ne fait généralement pas partie du lot des habitudes du cyclocoliste, reste donc la première. Deuxième non moins rapide coup d'oeil afin de juger du genre d'animaux auxquels vous êtes confrontés : si comme, dans mon cas, ce sont des vaches de montagne, pas peureuses du tout, au regard un peu étonné, mais pas trop agressif, il faut ruser. Accompagnées de jeunes taureaux, non encore aptes à la reproduction, qui suivront vraisemblablement le troupeau, mi-craintifs, mi-interrogateurs, cela devrait passer. Et cela fut. Ma ruse n'a rien de machiavélique, il m'a simplement suffi de parler gentiment (!!??) en avançant doucement, en montrant toutefois, une certaine fermeté et on m'a livré passage.
Le mâle reproducteur, chef de clan, ne devait pas être bien loin, je l'ai reconnu à la voix (c'est vrai...), inutile de dire que dès l'obstacle franchi, sans être adepte du 53 x 13, je n'ai pas moisi sur 28 x 20. Et si, d'aventure, ce taureau eut été, au milieu de son troupeau, ses habitudes de mâle dominant, m'auraient probablement conduit à un autre comportement. Lequel ? J'ignore. D'une façon générale, je crois que le fait de parler apporte un apaisement, pour autant que ce soient des paroles prononcées d'un ton serein. Pas de peur, pas de panique. Bref, la suite de la montée se passe bien, jusqu'à une zone avalancheuse, d'éboulis, de terre et de rocs qu'il faut franchir à pied en ayant changé de chaussures. Déjà, on aperçoit le passage du col pour autant que les nuages ne se soient pas pris de la fantaisie de monter en même temps que vous, bien sûr. Traversée d'une portion d'alpage et c'est la pancarte sommitale toute nouvelle. Petit casse-croûte, puis, que va-t-on trouver maintenant ? Le sentier d'autrefois redescendant, traversait le torrent de l'Eau Dolle, mais la retenue du Barrage de Grand'Maison a dû bouleverser un peu le tracé. Et c'est la surprise de trouver immédiatement un balisage G.R. tout récent. Je le suis donc. Pente accentuée, portage continu jusqu'au barrage lui-même : 1/2 heure environ. Traversée de la digue et puis route de la Croix de Fer quittée deux heures auparavant.

Il est nécessaire de mener sa randonnée, à mon avis, dans le sens Sud-Nord, car à l'inverse un très long et fastidieux portage pour monter au col, n'apporterait rien. En effet, on apprécie nettement mieux le paysage à la montée qu'à la descente : d'abord on prend mieux son temps et de plus, il y a moins de difficultés à trouver le passage entre les obstacles (trous, pierres, voire bouses de vache...) Le décor est de loin supérieur vu côté face Sud, que côté face Nord, offrant donc un intérêt accru. Je recommande ce col du Sabot pour débutants ou aspirants muletiers, il n'est pas très long, et d'un intérêt touristique certain. De plus, il permet de goûter aux différents aspects de la spécialité : roulage, poussage, portage, large route, éboulis, sentier, tout y est... A vos marques.

Daniel PROVOT


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