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Les balcons de Bardonecchia

Revue N° 13 Page 25

Il est possible, en trois sorties au départ de la Vachette (3,5 km au N.E. de Briançon), de faire le tour des remarquables belvédères que sont le col de Désertes, la Chapelle de la Madonna Catolivier, le col de l'Echelle, la pointe Colomion, le col de la Mulattiera, le Mont Pramand et le Mont Jaffereau.

I - VALLON DES ACLES, COLS DE DESERTES ET DE L'ECHELLE

Après la facile remontée de la Vallée de la Clarée jusqu'à Plampinet (O h 35, altitude 1482 m, 10,8 km), on aborde un exercice d'un tout autre genre avec les 3km de route caillouteuse et pentue qui conduisent de la vallée au replat qui précède la chapelle Saint-Roch (alt. 1846 m). La pente moyenne est donc d'environ 12%, mais elle est pire par endroits; par exemple, la ligne droite de 250 mètres qui sépare les deux derniers lacets frôle le 16%; en compensation, la pente s'adoucit peu avant la chapelle et on roule ensuite en terrain pratiquement plat jusqu'aux chalets des Acles, habités l'été par des bergers (1 h 25). Sur leurs conseils, nous sommes repartis (1 h 35) en direction du col de Désertes en utilisant le sentier de la rive droite, bien que celui d'en face soit théoriquement, d'après les cartes, de meilleure viabilité. On parvient sans encombre et à bicyclette, à l'altitude 1940 m (1 h 45, 16,7 km) à partir de ce point, il est préférable de continuer à pied.

Le sentier (non balisé) est facile à suivre et agréable, sauf dans un secteur dévasté par une gigantesque avalanche où l'on doit cheminer dans le lit du torrent (à sec, mais caillouteux). On retrouve le sentier à l'altitude 2110 m (18,3 km); un peu plus haut, il fait un coude (signalé par un cairn) pour contourner par le nord les rochers qui barrent le fond de la vallée; la pente s'accentue et on arrive à bifurcation (second cairn, 3 h 05, alt. 2270 m, 19,1 km) où on laisse à gauche le sentier du pas de l'Ours. En progressant à travers des pâturages ou des éboulis peu raides, on parvient à ce que l'on prend facilement pour le col et qui n'est en fait que le début d'une moraine longue de 800 mètres, sur laquelle le sentier, quasi-cyclable, continue à peu près horizontalement jusqu'au col (3 h 45, a1t.2549 m, 21,5 km). On y découvre un panorama splendide, dont nous avons pleinement profité le jour de notre passage, grâce au temps très clair, en particulier, la moitié sud-ouest de la crête qui va du col de la Finestre à Sestrière, dont la route stratégique est bien connue des cyclotouristes, apparaissait nettement, pour une fois débarrassée de ses traditionnels bancs de brouillard.
Après 40 minutes d'arrêt, nous avons abordé la descente. Le haut du versant italien est raide (on l'aperçoit quelques instants depuis la S.S. 24, quelque part entre Cesena et Oulx) mais le sentier (balisé, un trait brun-rouge) y est bien tracé. Un quart d'heure plus tard, on arrive au "Bivacco Passo Désertes" (alt. 2460 m) abri en béton sommairement équipé. Un peu plus bas, nous nous apercevons que notre sentier de piétons est en fait la partie non recouverte par les éboulements d'une ancienne voie d'au moins deux mètres de large, avec murs de soutènement de part et d'autre, probablement vestige de route militaire. Dans un lacet (4 h 50, alt. 2330 m, 22,5km) on laisse à notre droite un sentier qui part en direction du Chaberton. Cette sommité, bien reconnaissable à ses huit tourelles bétonnées, a fait son apparition pendant la descente et on aperçoit même une partie de la route qui conduit jusqu'au sommet (3136 m), dont on parlera une autre fois. Un peu plus bas, on quitte le sentier principal pour se diriger à vue (hors sentier, traces de passage) vers un sentier de terre battue que l'on aperçoit sur la gauche, au pied de la pointe de Cloutzeau. La végétation réapparaît, le premier mélèze rencontré (6 h 00, alt. 2260 m, 22,9 km) marque le début de la partie cyclable; le sentier, en excellente terre battue, s'élargit et descend en pente douce; les arbres sont suffisamment clairsemés pour permettre de jouir de la très belle vue.

Au carrefour (6 h 25, alt. 2060 m, 26,5 km) on se dirige (poteau indicateur) vers la chapelle de la Madonna Catolivier (alt. 2105 m); sa situation sur un promontoire en fait un excellent belvédère, bien que la vue au N.O. soit un peu gênée par la forêt. Un livre d'or recueille les impressions des visiteurs. En aval du carrefour, la route est ouverte à la circulation et devient un peu plus caillouteuse; on atteint les hameaux de Vazon (alt. 1650 m, 32,5 km) puis Pierremenaud (7 h 20, alt. 1440 m, 35,4 km). A partir de là, la route qui descend sur Oulx est goudronnée mais il est préférable de rester au calme et en altitude, en l'abandonnant 850 mètres plus loin, dans un lacet, pour prendre à gauche une route forestière en terre, qui conduit à Château-Beaulard (1) (7 h 50, alt. 1390 m, 41 km) en s'écartant peu de la courbe de niveau 1400. De là, on plonge sur Beaulard (descente rapide, en lacets, sur mauvais goudron) et on retrouve, pour quelques kilomètres, la grande route de la vallée. On effleure le sud de Bardonnèche et, par Mélezet et le col de l'Echelle, on rejoint la vallée de la Clarée entre Plampinet et Névache. La route du versant N.E. ("italien") du col n'est pas revêtue mais la montée est assez douce (sauf sur un km environ) et ne dure pas longtemps. On a, avant les tunnels, un beau point de vue sur la vallée que l'on vient de quitter.

(A suivre).

(1) Je respecte la toponymie des cartes italiennes, les cartes françaises appellent cette localité Castello.

Lucien CHEVALIER


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