Revue N°5 page 26

RAID SAINT-ETIENNE - AVIGNON

 

Samedi 7h00, départ de SAINT-ETIENNE avec mon ami Maxime CHIROLLET.

Parcours sans histoire de SAINT-ETIENNE à AUBENAS, sauf peut-être le passage entre des incendies de taillis (fréquents cette année-là) dans les Gorges de la Dorne, entre Dornas et Mezilhac.

Arrivés à 18h30 à Aubenas, ne voulant pas coucher en ville, nous "poussons" jusqu'à Vogüé. Hélas ! dans cette charmante localité, il n'y avait, à cette époque, aucun lieu où on "loge à pied et à bicyclette", une brave dame nous indique l'hôtel Testud à Vogüé-gare. Nous y sommes à 19h00, à notre demande d'hébergement, il nous est répondu favorablement, une personne habillée époque 1900 nous fait remiser nos vélos dans un local où, aussitôt, de sympathiques poules les adoptent comme perchoirs ; la dame nous les présente "Cocotte - Bibiche - Poulette etc...". Nous abandonnons nos engins, que risquent-ils ? Des m... ?

Accueil surprenant mais sympa, l'hôtel est désuet, le confort réduit au minimum. Après un brin de toilette à l'eau froide (il n'y en a pas d'autre), nous rejoignons notre table et demandons à boire l'apéritif. Après trois demandes, il nous est répondu par l'hôtelière (Nénette, en l'occurrence). "Oui, oui, vous boirez à votre soif !", et de nous apporter un litre de gros rouge. Le repas fut excellent et abondant.

Au petit déjeuner, nous avons au moins huit pots de confitures diverses, de 500 grammes et tous entamés. Nous réglons la note, un court moment après, notre brave hôtelière revient et nous dit "Moi, j'adore les cyclos ; c'est un peu cher pour vous, voici votre casse-croûte, vous achèterez le pain". Elle pose sur le guéridon un demi saucisson cuit et un gros morceau de fromage. "Mais ne croyez pas que vous allez nous quitter comme cela" dit-elle. "Vous voyez la place devant la gare, vous allez monter sur vos vélos, faire deux tours et nous faire signe de la main". Nous acquiesçons, aussi elle se tourne vers la cuisine et crie "Allez Vovonne, viens les applaudir" puis à trois représentants qui ont couché à l'hôtel "Vous aussi, venez-là".

L'hôtel a sur la façade une terrasse avec trois marches. Voilà nos cinq personnages en ligne, quatre applaudissent en cadence, Nénette, chef de claque, imite le clairon avec un retentissant taratata, zaratata.

Nous les avons quittés, les saluant gaiement, avec au cœur un souvenir qui, sept ans après, est aussi agréable que ce jour-là.

Ces braves personnes, propriétaires de l'hôtel (Marinette et Yvonne TESTUD) ont eu depuis, par deux fois, l'honneur de la télévision. Yvonne compose, Nénette chante et joue du piano. Elles devaient avoir en 1970 soixante ans - ce qui pimente un peu plus cette anecdote.

René CORNILLON de Sainte Foy Lès Lyon (69)