Revue N°5 page 10

PAS D'ACCORD

 

Notre très gentil Président Jean PERDOUX écrit dans sa lettre du 10 octobre : "Carri, un endroit merveilleux, mais le jour de notre rassemblement d'août, un environnement de foire, une fête manquée..."

On lit aussi dans des articles répétés que l'esprit cyclo s'en va et que, et que...

Reportons-nous simplement il y a 5 ans, y avait-il autant de vélos sur les routes, les bosses, les cols ?

Pouvait-on supposer que pour des B.R.A., des Semaines Fédérales, les engagements dépasseraient les 2 milliers ? NON.

Alors, ne soyons pas trop difficiles !

Ne demandons pas que tous ces vélos supportent de vieux cyclos, chevronnés, raisonnables, bons dégustateurs de produits régionaux, bons amateurs de forêts, torrents, rochers, prés, ciel et rivages, de matins, de nuits, de soleil, d'étoiles...

Les voitures accompagnatrices, d'accord on en parle plus, on en a assez parlé et tous ceux qui se faisaient accompagner ont compris, exemple : la Semaine Fédérale de Valence ; ont compris ou comprendront car il ne faut peut-être encore rien exagérer.

Mais à mon avis, qu'est-ce que l'esprit cyclo ?

C'est le sommet, l'intelligence des choses, le cœur, l'amitié, l'amour de tout ce qui pousse et qui vit, c'est l'aboutissement d'heures de roulage, de jour, de nuit, de pluie, de soleil, de douleurs et de satisfactions.

On ne peut demander à tous ceux qui arrivent au vélo d'être des gens à ce sommet philosophique, recevons les donc avec amusement peut-être, gentillesse sûrement et c'est à nous, petit à petit, de leur faire comprendre, de les amener vers notre grande amitié, sans les engueuler et sans leur dire tout de suite qu'ils n'ont pas encore tout compris.

Au contraire, soyons heureux de voir toutes ces couleurs, tous ces vélos légers ou pas, boyaux ou pas, sacoche ou pas, soyons heureux lorsqu'il fait mauvais de pouvoir dire : "j'en ai rencontré 5,10, 2. Il y a 5 ans par un temps pareil, je n'en aurais jamais vu".

Admirons plutôt ces filles, ces jeunes garçons, qui en roulant, ne peuvent calmer leurs impulsions, deux ou trois coups de pompe leur donneront vite fait la première expérience.

Et le vélo, n'est-ce qu'un rêve ?

Laissons les donc rêver qu'ils sont des coureurs, des champions...

Nous, les "100 cols", sommes bien placés, à mon avis à ce sujet, nous ne montons peut-être pas le Galibier comme Vietto ou les autres, mais nous le montons quand même en rêvant que nous sommes notre champion à nous.

Nous rêvons avant sur les cartes, à découvrir ce que nous monterons. Nous rêvons à nos randonnées, pendant nos randonnées, nous rêvons à d'autres randonnées, et après nous rêvons que nous rêverons encore.

Tout cela dans le désordre, maillots de soie, boyaux extra-légers, nous les trouvons maintenant en même temps que la vieille sacoche, le cuissard rapiécé, le maillot décoloré, mais tout ça, c'est encore le rêve, vive donc le vélo ! Vive nos rêves, et vive les saluts que l'on se fait sur la route !

Aussi, lorsque l'équipe de Valence arrive à monter une chose aussi énorme que la Semaine Fédérale de ladite ville, ne soyons pas trop difficiles et acceptons la fête telle qu'elle est.

D'accord, je n'ai pas couché au camp, j'avais juste le temps de faire les épreuves dans les délais, je m'arrêtais donc à peine à chaque contrôle, je n'ai donc pas eu à supporter Radio Monaco, mais un petit air d'accordéon, le matin, dans un chemin perdu, une fois par an ce n'est pas désagréable pour un cyclo qui a des milliers d'autres kilomètres dans les pattes, seul sur des routes désertes, et Dieu sait qu'il y en a encore en France.

Au col de Carri c'était un beau bordel que j'ai traversé avec amusement et la joie de vous y rencontrer, donc je maintiens que ce n'était pas une fête manquée.

Merci le col de Carri, merci Valence, merci les "100 cols".

Jean BALME de Dijon