Revue N°2 page 17

LE 177ème COL

d'Isabelle et Jean BASTIEN, de MOUGINS (06)

 

    Gérard et Daniel, partis pour un long voyage itinérant passant par Annecy et Albertville, nous avions convenu un rendez-vous au Col de la Forclaz ou au village de Montmin. L'heure même était fixée entre 12 Heures et 12 Heures 30.

    Le 22 juin au matin, nous partons d'Albertville. Le ciel est couvert de gros nuages et passé Ugine,  une pluie fine se met à tomber. Nous passons Faverges. A Vésonne au pied du  col, nous nous arrêtons quelques instants pour nous restaurer. Sur un braquet  adéquat, 28x26, nous nous lançons à l'escalade de la rampe. Celle-ci commence  franchement, sans bavure, on sait immédiatement à quoi l'on a affaire. Le premier lacet arrive et nous faisons sauter la chaîne sur le 28 dents. Nous voici avec le tour de roue. Nous attaquons le lacet au pied d'un hôtel planté au bord de la route et nous sortons de la courbe au-dessus de la toiture de la bâtisse. C'est du 13 %. Kilomètre après kilomètre, nous arrivons ainsi sous le village de Montmin où nous attendent deux autres lacets à 15%. Nous nous arrêtons autant pour souffler, que pour prendre quelques photos. Puis nous enfourchons notre tandem et, au moment précis où, dans un parfait synchronisme, nous donnons la poussée nécessaire pour arracher notre engin à la pente, un sinistre craquement retentit. La roue libre vient de nous dire "Non, je n'irai pas plus loin".

    Inutile de décrire notre déception si près du but. Il est impossible de faire manœuvrer la roue libre qui est bloquée. Il est 11 Heures et 2 Kms nous séparent du village, nous serons à l'heure, et même cela nous laisse le temps de voir cette roue libre de près.

    La roue est sortie du cadre, placée à plat sur le sol et, à l'aide d'un tournevis et d'une pierre, la roue libre est démontée. Les billes, une à une, sont soigneusement mises de côté sur une étoffe. Après avoir sorti le bloc où sont fixées les couronnes, les dégâts apparaissent : trois dents de loup ont sauté, un ressort est brisé et tous ces débris réduits à l'état de copeaux ont provoqué le blocage. Le nettoyage fait, il s'agit de remonter cette pièce si précieuse. La graisse contenue dans les bouchons des pédales va aider à remettre les billes en place. Il ne reste plus qu'un cliquet qui fonctionne sur un moyeu en mauvais état. Mais cela sera suffisant pour rejoindre Albertville par la vallée. Les lacets à 15 % sont passés à pied. Nous arrivons au village de Montmin à 12 Heures. Nous déjeunons dans un petit restaurant d'où nous apercevons le col noyé dans le brouillard. Si nous l'avions gravi, il aurait été le 177ème. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois. Daniel et Gérard arrivent à 12 Heures 20, une telle exactitude après tant de kilomètres pour eux et cette avarie pour nous, nous laisse rêveurs ! ...

    Les joies occasionnées par notre rencontre nous font oublier la défaite. Nous reviendrons  à la Forclaz.

I. et J. BASTIEN

 

Nota  : Vous pourrez revenir le Samedi 27 Juillet 1974 où ce fameux Col de la FORCLAZ vous accueillera à l'occasion de notre premier rassemblement annuel.