CHAUNY-THONON-VENISE

 

La fin d’une belle aventure !...

(cliquer sur les photos pour les agrandir)

PREAMBULE

Commencée en l’an 2000, la grande traversée des Alpes (Alpine et Préalpine) s’est achevée le 11 juillet 2003 à VENISE, terme de la 4ième randonnée organisée par les Cyclos-Randonneurs-Thononais et orchestré par Georges ROSSINI.

Afin de finir en beauté, je décidais de partir cette année de la ville où je réside : CHAUNY (Aisne 02) et ajouter ainsi 600 km et 4 étapes à ce périple.

Il est de coutume dans le « milieu » de dire que Thonon-Venise est la plus dure et la plus belle, je confirme le 2ième point, mais personnellement Thonon-Trieste restera pour moi la plus difficile des quatre.

Chauny-Thonon-Venise, réalisé en 14 étapes, n’a été qu’une succession de belles et grandioses étapes, du pur bonheur. Le temps particulièrement chaud cette année y a sans aucun doute largement contribué. Précisons tout de même que le départ fin juin m’a permis d’éviter les fortes chaleurs et les désagréments qui vont avec.

1878 kilomètres séparent Chauny de Venise, 23000 mètres de dénivelé, et 60 cols. Une belle partie de manivelles que je vous invite à suivre au long de ces quelques lignes...

 

LA PREPARATION

Dans un tel périple, il ne faut rien laissé au hasard, perfectionniste par nature, je m’applique toujours dans cette phase exaltante d’un voyage.

J’ai opté depuis bien longtemps de vivre mes randonnées au long court, en solitaire, si cela intrigue bien souvent le quidam, cette solution offre quand même un nombre non négligeable d’avantages et surtout la liberté. Ajouté à cela l’autonomie, voilà je crois résumé par ces 2 mots ce qui me motive depuis plus de 20 ans. Partir seul ne m’a jamais fait peur au contraire j’y trouve un plaisir certain.

Partir à l’étranger, réserve toujours un lot de surprises et de barrières. La langue bien sûr, pas toujours évident de demander sa route, commander son repas, réserver sa chambre d’hôtel, ou prendre le train. Mais une fois de plus, je vérifierai cette année, qu’avec un peu de persévérance on arrive toujours à se comprendre. Cela réserve parfois quelques surprises, surtout pour décrypter une carte de restaurant, mais cela fait partie du voyage. La partie la  plus délicate dans la préparation de Chauny-Venise, fût incontestablement la façon dont j’allais pouvoir rentrer à Chauny depuis Venise. L’avion, est-ce la bonne solution ?

Oui sans aucun doute, du moins la plus rapide, mais à quel prix. Un voyage aller Venise Paris frise la prohibition. Alors je me rabats sur le train. Il est assez difficile  d’obtenir des informations fiables, certains prétendent que l’on peut revenir sans problème de Venise avec son vélo, d’autres au contraire me soutiennent que l’on ne peut plus revenir de Venise avec un vélo. L’inquiétude grandie, c’est trop bête d’annuler un voyage à cause du trajet retour !

Renseignements pris auprès d’amis du  club des 100 cols, me rassurent un peu, il faut voyager avec son vélo démonté dans une housse, bref c’est identique au retour de Trieste en l’an 2000, bonjour la galère, mais on rentre quand même !

En fait il existe un train direct entre Venise et Paris, pas de changement (super). Départ 19 heures de Mestres , arrivée Paris le lendemain  9 heures.

Dans un tel retour, ce qu’il faut c’est s’armer d’une bonne dose de patience, car attendre 3 heures à Mestre , 3 heures à Paris  c’est long, mais l’aventure Alpestre est a ce prix, à moins que vous n’optiez pour un retour à vélo, mais là !

 

LE DEPART

Il est 6 heures 45’ quand je pose pour la photo souvenir devant la porte de la maison. Mon épouse cache son émotion, moi aussi, les départs ont toujours quelque chose de cruel, une déchirure, il faut vite partir, et se mettre a fond dans le voyage...

Quitter les siens pour 15 jours ce n’est pas rien, 20 ans de « métier » et toujours ce pincement au cœur, toujours cette petite voix intérieure qui semble me dire :

-« allez n’y va pas, reste à la maison !... »

Mais le goût de l’aventure est trop fort, il faudrait une catastrophe pour me faire renoncer à partir.

Et je suis parti !

Equipé depuis peu d’un appareil photo numérique, je suis bien décidé à « mitrailler ». A peine sorti de Chauny que déjà la photo me retarde. J’aime bien les photos style « départ/arrivée » avec le panneau de la ville bien en évidence, alors pourquoi se priver. La capacité de mon appareil est de 800 photos, j’ai de la marge, en réalité, je prendrai quand même la bagatelle de 300 photos.

 

CHAUNY - MAILLY LE CAMP : 162 km

L’itinéraire aujourd’hui est assez familier jusque Fère en Tardenois, puis ensuite j’aborde la vallée de la Marne et ses belles bosses. En fait  l’étape longue de 162 km sera assez vallonnée. J’arrive à l’hôtel St Eloi à Mailly le camp à 16 heures 45’. Un rapide tour de la ville (sans grand intérêt) puis repos.

J’ai réservé les 3 premières nuits d’hôtel, ensuite en Italie je verrai sur place, il n’y a paraît-il aucun souci pour se loger en Italie, cela s’avèrera exact.

 

 

 

MAILLY LE CAMP - MOLOY : 177 km

Je démarre cette étape à 7 heures 30.

Le parcours traverse aujourd’hui le département de l’Aube. 2 contrôles BPF viendront enrichir ma collection. (Brienne le château et Clairvaux).

L’étape sera difficile, il règne aujourd’hui une chaleur caniculaire, les rares « bistrots » sont les bienvenus, aussi les longues lignes droites interminables usent un peu mes forces, j’ai hâte d’en finir.

 

 

 

 

A 18 heures, j’arrive à l’hôtel réservé, par malchance il n’est pas encore ouvert, déception, je rêvais déjà d’une bonne douche. Je fais le tour du village, et découvre au bout d’une petite ruelle, un véritable oasis. Une chambre d’hôte aménagée dans une maison typique. La propriétaire un peu surprise de me voir, accepte de me loger et après quelques hésitations accepte de me faire le repas plus le petit déjeuner, que demander de plus ?

Quel régal cette omelette frites salade, cela me ragaillardit un peu. Je tombe de sommeil, à 21 heures 30 plus de cyclo il dort déjà et comble du bonheur mon vélo est à l’abri dans la maison !

 

MOLOY - ST LAURENT EN GRANDVAUX : 171 km

Début d’étape facile jusque Dijon, mais traversée laborieuse de cette grande ville. Je suis guidé aimablement par une jeune cyclote, et après 1 heure de galère je sors enfin de la préfecture de la côte d’Or.

J’arrive à St Jean de Losne à midi, je n’ai fait que 62 km. La chaleur est de  nouveau accablante, lourde, ça sent l’orage ? Je me restaure rapidement et reprends la route sans grand enthousiasme.

Je m’offre un petit goûter sympathique à Arbois, dans un salon de thé. La pâtissière m’interroge sur mon voyage. Lorsque je lui apprends que je pars à Venise elle me dit d’un air malicieux :

-«  Je vous souhaite de rencontrer une belle Vénitienne »

Je lui réponds aussitôt :

-« Croyez-vous que mon épouse sera contente ? »

La dame, confuse, s’excuse, elle pensait naïvement qu’un Randonneur partant 14 jours sur un vélo ne pouvait être que célibataire ! et bien non !

Après m’être sustenté généreusement, je suis prêt à affronter la montée vers Champagnole. Là, je rencontre un confrère Diagonaliste, me voyant à l’arrêt pour soulager un petit besoin naturel, notre homme n’hésite pas à faire ½ tour et vient bavarder quelques instants avec moi, sympa non ?

Le relief est assez marqué maintenant, c’est normal nous sommes dans le Jura, demain les premiers cols, enfin, allais-je dire !

Il est 18 heures 20 quand je pénètre dans l’hôtel de la poste, bel hôtel, très sympathique. Le temps se gâte, j’ai bien peur que demain !!!

 

ST LAURENT EN G - ST GINGOLF : 95 km

Ce matin, j’ai la confirmation sur les prévisions météo : il pleut !

C’est sous une pluie battante que  je monte le col de la Savine, j’arrive  aux Rousses complètement trempé.

 

 

 

 J’ai beaucoup de souvenirs ici, aussi je m’empresse d’acheter une carte postale pour immortaliser ce passage.

En effet, plusieurs années de suite, je venais avec la petite famille m’adonner aux joies du ski de fond !

Après les Rousses c’est la montée du col de la Givrine et le passage en Suisse.

J’ai opté pour la traversée du lac Léman entre Nyon et Yvoire, ceci m’évite un grand détour, et puis avouons le, la traversée du lac en bateau ne me déplait pas. Elle fût très rapide, ensuite reprise de la route jusque Thonon par l’horrible N5 toujours aussi dangereuse. J’ai hâte d’en finir. Arrivée à Evian, la faim me tiraille un peu, je m’offre ma première pizza. Puis je repars en longeant le très beau lac Léman. J’arrive à St Gingolf à 15 h 30’, il est encore tôt. Deux solutions, ou bien je continue, ce qui m’oblige à dormir en Suisse, avec les désagréments à prévoir d’une addition salée, ou bien je m’arrête à St Gingolf côté Français. Le temps est menaçant, une étape plus courte me sera peut-être bénéfique, et puis après tout j’ai déjà gagné 30 km par rapport à mon plan de marche, qui prévoyait un arrêt à Thonon.

St Gingolf présente la particularité d’être à la fois Française et Suisse, c’est curieux !

La chambre de l’hôtel « le national » m’offre une vue magnifique sur le lac, dommage que le temps gris gâche un peu le décor. Il tombe des « cordes » j’ai une fois de plus bien fait d’être sage.

Demain il fera beau !

 

ST GINGOLF - ST OYEN : 118 km

Aujourd’hui, départ officiel de Thonon- Venise, à partir de maintenant je quitte la France pour 10 jours.

Il n’a pas plu ou très peu, mais la chaleur n’est pas encore de retour, j’essuierai une petite averse de grêle dans l’ascension du grand St Bernard.

L’étape du jour comporte deux difficultés et notamment l’ascension du Champex, col pas officiellement reconnu par le club des 100 cols, mais néanmoins difficile, c’est une bonne mise en jambe. Je me ravitaille en haut dans une superbe auberge Suisse.

 

  J’avais  prévu de faire étape à Bourg St Pierre, mais vu l’heure je poursuis ma route, et attaque le col du grand St Bernard (le plus haut de ce voyage 2469 m ) l’ascension est facile dans sa première partie, puis à quelques km du sommet, il faut choisir, ou prendre le tunnel, ou continuer sur la petite route, pas d’hésitation possible, je m’engage sur la belle mais rude petite route qui me mènera au sommet du Grand St Bernard. D’ailleurs, je crois bien que le tunnel est interdit aux vélos.

  Passage de la frontière Italienne dans la descente, et recherche d’un hôtel pour l’étape. Celle-ci se fera à St Oyen, charmant village de montagne, et charmant hôtel, j’ai droit à une très belle chambre tout en pin massif. Il faut souligner le prix modique 34 €uros petit déjeuner compris.

Ce soir là, bonne ambiance à l’hôtel, je rencontre deux cyclos Autrichiens partis d’Antibes et qui retournent à la force du mollet dans leur pays, ajoutez un touriste Anglais (non cyclo), notre table est très cosmopolite, mais que c’est difficile de se comprendre par moment !

 

ST OYEN - BIELLA : 147 km

Je quitte mes deux compagnons Autrichiens après le petit déjeuner, il est 7 h 50,  j’attaque aujourd’hui ma 6ième étape, j’ai déjà parcouru 731 km depuis Chauny. J’ai la forme, et quelques chose me dit qu’à partir de maintenant il va faire beau, il va faire chaud. Preuve en est dans cette étape. La traversée de la vallée d’Aoste est étouffante, j’ai repensé souvent à cette étape cet été, qu’il a dû faire chaud ! Cela devait être bien pénible au mois d’août avec cette canicule.

Aoste se traverse facilement, puis ensuite long faux plat jusque St Vincent.

 

Le col Di Joux aux pourcentages irréguliers tout au long de ces 15 km perturbe un peu cette relative tranquillité. J’ai droit à une superbe descente sur Verres (où j’admire son château).

Je conforte  encore aujourd’hui mon avance, et c’est à Biella que je pose mes sacoches. Biella est une grande ville, aussi la recherche d’un hôtel bon marché est fastidieux ! Je paierai la chambre 47 €uros.

J’aime bien le soir à l’étape flâner dans la ville et savourer une bonne bière ! (la récompense après une dure journée de labeur !).

Ce soir le petit bistrot ou je m’arrête, à l’air très sympa, il s’y dégage une bonne ambiance, d’emblée le patron m’offre une assiette de toast avec jambon d’Aoste plus beurre. Combien de bistrot ferait ce geste dans notre pays ?

Les Italiens, vous le comprendrez au fil de ces pages sont vraiment des gens sympathiques, accueillants. J’affirme haut et fort que nous avons côté hôtellerie, beaucoup à apprendre de nos voisins transalpins. Chez eux, beaucoup de petits détails, transforment votre séjour ordinaire en un bon et agréable séjour.

L’ambiance dans ce café est chaleureuse, les clients (tous masculins) essayent de me connaître un peu mieux, je leur apprends que je voyage à vélo, et là bien sûr, c’est l’admiration. J’ai déjà lu ceci par ailleurs, mais je le confirme, le vélo est un sacré instrument de communication.

Le repas du soir, sera pris dans un restaurant, également particulier. La salle est immense, très haute de plafond, à mon arrivée nous ne sommes que quatre clients. L’ambiance il faut l’avouer est froide, chacun se regarde un peu en chien de faïence, c’est bizarre, cela ressemble plus à une vaste cantine, qu’à un restaurant, ici pas d’intimité, je quitterai ce lieu assez vite !

 

BIELLA - RENO : 136 km

La 7ième étape de mon périple entre Chauny et Venise sera superbe, d’une part il fait beau, pas la grande chaleur (j’aurai même droit à une petite averse) mais beau quand même.

Le début d’étape, sur une route très aérienne, très panoramique, ici on voudrait tout photographier, c’est beau. Les villages semblent accrochés à la montagne.

 

Tellement pris dans l’ambiance, je m’égare un peu, et monte jusqu’au village de Piedicavallo : le bout du monde !

A la sortie de ce village, il n’y plus de route, c’est très pittoresque, j’ai du mal à le quitter, ici je suis bien, mais l’étape ne fait que commencer.

 

La montée vers Bielmonte est un plaisir, belle route, tranquille, pas de circulation. C’est incroyable, les routes les moins fréquentées sont d’une qualité irréprochable, l’asphalte semble fraîchement posé, aucun trou, du billard, on aime et on en redemande nous les cyclos ! Encore une grande qualité de cette région, la réseau routier est superbe, surtout sur les routes les moins fréquentées, allez savoir pourquoi ?

Pointage à Bielmonte et photo souvenir, faite par un groupe de VTTiste (personne n’est parfait !)

Ensuite succession de petits cols appelés ici Bocchetto, avec des noms magnifiques sinon magiques : Bocchetto di Livrea ; Bocchetto di Rubello ; Bocchetta di Puntiggio, ajoutez que tout cela se passe en descente, avouez quand même qu’elle est facile la route vers Venise !

Après Coggiola, la route continue de descendre pour arriver enfin au lac Majeur.

Ce soir je pose mon vélo à Reno, je fais confiance à l’organisateur, qui en annexe du parcours, propose une liste d’hôtels.

Mon choix s’est arrêté sur l’« Alberga riva » charmant hôtel au bord du lac Majeur. Du balcon de ma chambre, j’admire les bateaux sur le lac, que c’est beau, reposant, ici la vie semble s’être arrêtée.

Une fois de plus je remercie « la bonne fée » qui m’a fait  connaître ce merveilleux loisir qu’est le vélo. Ah ! voyager avec son vélo quel plaisir ! Celui qui ne pratique pas le voyage à vélo, ne connaît rien au bonheur, c’est direct mais je le pense sincèrement.

Ici on ne fait pas de repas, qu’a cela ne tienne, il suffit de faire 100 mètres, et je découvre un restaurant, et qui plus est, on mange à l’extérieur sur la terrasse et sous une tonnelle recouverte de verdure... au menu : lasagne maison, quel régal !

Ce soir je suis à mi parcours, dans une semaine si tout va bien je serai à Venise !

 

RENO - TORNO : 112 km

A force de dire que c’est une belle étape, voire la plus belle j’ai peur que le lecteur ne se lasse, pourtant, une fois de plus je dois le dire, et je dois même ajouter que la 8ième étape sera la plus belle !

Aujourd’hui il fait très chaud, ça commence fort, je fais une erreur de parcours de 6 km. C’est pas grave, j’ai la forme et le décor de rêve décuple mes forces. La montée vers Sella dell Casere est longue et pénible, mais là haut quelle récompense. Décor de rêve, décor de carte postale, imaginez :

Au premier plan la forêt, au centre le lac, en arrière plan la montagne, ajoutez que les sommets sont enneigés, que le ciel est d’un bleu intense, et que le soleil brille, oui Capanna Gigliola est le plus beau contrôle  de la Préalpine Thonon Venise, avis tout à fait personnel, qui n’est peut-être pas partagé par tous, il faut dire d’après un ami du club des cent cols résident à quelques encablures du lieu que j’ai eu une chance extraordinaire, écoutons-le :

 

 

 

 -«  Sais-tu que tu as une chance inouïe de voir, apprécier et photographier le lac Majeur et ses montagnes depuis le refuge Gigliola, il n’y a en moyenne que cinq  jours sans brume de tout l’été dans cette région. En bon régional de l’étape, j’y passe plusieurs fois chaque année et il m’arrive de distinguer à peine les montagnes d’en face ! »     (Jules DEJACE)

Capana Gigliola, lieu magique, j’ai bien du mal à partir, je photographie, et photographie encore, je veux absolument marquer sur la pellicule mon super passage ici, et une fois de plus je jure que j'y reviendrai avec mon épouse, et pourquoi pas à vélo...

La montée du Passo di Cuvignone est difficile, il fait chaud, la pente est sévère, ensuite plongée (je ne trouve pas d’autre mot tellement la pente est vertigineuse) sur Mesensava. Je traverse de beaux et pittoresques villages et arrive en Suisse pour un bref passage. Je quitte Chiasso (que de souvenirs ici, j’y suis passé voilà 25 ans avec 3 copains, nous partions à Corfou, je n’étais pas à vélo mais je voyageai à l’époque en train !)

Me voici de retour en Italie (je ne la quitterai plus) Como, grande ville, synonyme de traversée laborieuse, heureusement deux cyclos croisés à un carrefour acceptent de me guider et de me remettre sur le bon chemin.

L’étape se termine à Torno, triste hôtel (le plus moche du voyage) de surcroît le restaurant est complet ! Mais malgré tout je ferai un excellent repas dans un restaurant panoramique dominant le lac de Como.

Je suis néanmoins inquiet, mon vélo est entreposé dans un garage distant de 200 mètres de l’hôtel, demain matin je pars de bonne heure, le restaurant sera encore fermé, il est convenu que la serveuse doit me ramener  ma monture  à 1 heure du matin, heure de fermeture du restaurant ? Dans le doute je fais sonner mon réveil, et en pleine nuit je descends vérifier si ma rossinante m’attends. Et oui, l’hôtelier est sérieux, le vélo est là, il est prêt à repartir avec moi !

Ah ! c’est beau l’Amour...

 

 

TORNO - ST PELEGRINO : 125 km

Je quitte l’hôtel à 7 h 15’ sans le petit déjeuner comme prévu. Après quelques kilomètres, je m’arrête dans un bistrot ou je peux enfin savourer café et viennoiseries.

La montée vers Piano del Tivano est longue est difficile, je croise beaucoup de cyclistes, c’est dimanche et ça roule par ici. Au col, malgré l’heure matinale(9 h 30) il y a foule. Les gens viennent passer la journée, il fait beau et l’endroit est agréable. Après une descente dangereuse je fais route vers Lecco, énormément de circulation et passage de longs tunnels.

En quittant Lecco, on attaque la montée de Sella di Balabio, des files interminables de voitures me doublent, c’est très dangereux, avec en plus la pente et la grosse chaleur, dur ! dur !

Je m’arrête pour déjeuner et souffler un peu. L’accalmie du trafic des voitures tant espéré se fait sentir après ma pause.

Cette fois je quitte la région des lacs et j’aborde la haute montagne. Le reste de la journée se fera sans problème, mais toujours avec un flot incessant de voitures et motos. L’étape à St Pélégrino est la bienvenue, la belle ville thermale mondialement connue pour sa bonne eau « freezante ».

Je loge ce soir dans un hôtel ou plutôt pension pour personnes âgées. Mon voisin de table, connaît bien la France, il m’énumère toutes les villes qu’il a visitées, et s’occupe de moi pour me conseiller pour le choix de mon repas, sympa ce vieux Monsieur.

Néanmoins le repas sera assez médiocre, et le petit déjeuner pas terrible non plus, j’ai peur de le payer pour la suite de mon voyage.

 

SAN PELEGRINO - BIENNO : 111 km

L’étape du jour sera torride, à tout point de vue , la chaleur suffocante dès 11 heures du matin, et des cols difficiles, comme par exemple le Passo della Pessalona. Un temps fort du voyage, heureusement le paysage est de toute beauté, des panoramas à couper le souffle.

Arrivé à Bienno, lieu choisi pour l’étape, je cherche en vain l’hôtel convoité, en fait il se situe à l’extérieur de la ville, à plusieurs kilomètres. Que la pente est raide pour arriver à cet hôtel (les premiers lacets du Croce Domini peut être ?) au nom évocateur : Oasi Verde (l’oasis vert). Je ne regrette pas les quelques kilomètres supplémentaires car l’endroit est magique, et de surcroît ici le patron et le serveur parlent Français, et la majorité des clients ce soir sont Français.

Très belle étape, dans une excellente ambiance, je la recommande. Le patron vient discuter avec moi à la fin du repas, il pratique le vélo, et m’annonce les joies qui m’attendent demain avec l’ascension du Croce Domini, 15 km de montée pour atteindre la côte 1892 m.

 

BIENNO - PONTE ARCHE : 119 km

J’attaque le col à 7 h 30, le patron de l’hôtel, est déjà dans son super jardin, il m’encourage.

Dès la sortie du village on attaque sévère, les pourcentages irréguliers ajoutent de la difficulté dans cette montée du Crocce Domini, le final dans les alpages est magnifique, j’atteints le col à 10 h 45. La route vers Riva Garda, n’est qu’une succession de faux plats et de grimpées de petits cols, comme le Passo de l’Ampola.

Avant l’entrée dans Riva Garda, située au pied du lac de Garde, traversée de 2 très long tunnels (3,6 km et 1,2 km) mais relative tranquillité côté circulation.

Il fait très chaud ici, je ne résiste pas au plaisir de savourer une bonne glace.

Montée jusque Tenno sous la canicule, et étape à Ponte Arche. Ce soir je suis entré dans les Dolomites, autre point fort d ce voyage.

Il reste 3 étapes, pour atteindre Venise, j’ai toujours la forme et le moral est au beau fixe.

Mon vélo passe la nuit à côté des fourneaux dans la cuisine du restaurant !

 

PONTE ARCHE - NOVA LEVANTE : 125 km

La première étape dans les Dolomites se fera encore sous le signe de la chaleur, succession de petits cols, et passage sur une route toute plate pendant 18 km, c’est rare il faut le souligner.

La dernière difficulté du jour c’est le Passo di Lavaze, au pourcentage impressionnant (18% m’indiquera le panneau), je suis heureux de l’avoir monté entièrement à vélo, mais à une allure vraiment réduite. Au col, pause goûter bien méritée, pointage de mon carnet de route, et remplissage des bidons.

Petit moment de panique arrivé en bas du col, je m’aperçois que j’ai oublié un bidon sur la table du café, trop bête, mais tant pis il est hors de question de remonter ce col, je devais être sérieusement dans la lune, encore sous le choc de cette super montée !

J’arrive à Nova Levante, charmant village de montagne typique tyrol Italien. Les hôtels et immeubles sont tous fleuris de belles et colorées jardinières sur leurs balcons, très joli. La vue imprenable sur les Dolomites me permet de réaliser de beaux clichés

 

NOVA LEVANTE - AGORDO : 127 km

C’est aujourd’hui la grande et belle étape dans les Dolomites, le genre d’étape à laquelle on rêve quand on prépare le voyage, je ne serai pas déçu.

Il fait un temps splendide, le ciel d’un bleu intense promet la réussite de belles photos, je suis en pleine forme, encore une super journée qui s’annonce.

Après une jolie grimpette à la sortie de Nova Levante, on arrive au lac de Carreza (c’est après Capanna Gigliola, le point de vue le plus beau de ce périple).

Vraiment particulier les Dolomites, de la dentelle, voilà le mot, c’est de la dentelle, pas une montagne ne ressemble à cela, vraiment très beau, et le tout sur un fond de ciel bleu azur : Magique ! Féerique ! j’en prends plein les yeux, je regrette d’être obligé de partir si vite, je voudrai rester des heures à contempler cette merveille de la nature, mais la route jusque Agordo et deux cols à plus de 2000 mètres m’attendent.

Le Passo di Valles est le premier 2000 de la journée, il est assez costaud, mais le spectacle est tel que l’on oubli parfois la pente (menteur !!!).

Je m’offre un excellent repas au col, tout en contemplant le paysage, une assiette de pâtes Bolonaises ça vous ragaillardit un homme !

Après une descente vertigineuse, des pourcentages à faire peur, quand je pense que ma vie tient sur les 2 câbles de frein, il faut avoir confiance en sa machine, et cette année encore ma randonneuse* ne me fera pas défaut, aucun incident, aucune crevaison, rien, du billard. 

*PUB : (je roule sur une Randonneuse « RANDO CYCLE » chaussée de pneus « SCWALBE »).

Je dois cet après-midi satisfaire à un contrôle obligatoire au Passo di Costazza, et là une belle surprise m’attend.

Je m’étonnais aussi que l’Ami Georges Rossini ne nous réserve pas une  petite surprise comme dans chacune de ses randonnées, et bien la voilà.

Pour atteindre le col et le refuge « Baita Segantini » il faut emprunter une route dépourvue de revêtement, un chemin caillouteux à souhait, qui monte, monte...

Je suis un peu énervé, j’ai horreur des chemins muletiers lorsque je suis avec ma randonneuse et mes sacoches, la peur de tomber, de crever et omniprésente, je me renseigne pour savoir où se trouve le refuge, la haut m’indique cesrandonneurs pédestres, il faut encore monter, ils étaient franchement surpris de voir un cyclo arriver là ! Les kilomètres me paraissent interminables, je ferai les ¾ à pieds en poussant ma Rossinante. Plus d’une heure pour atteindre le col et son refuge, situé au pied de la montagne, au cœur des Dolomites, c’est beau il faut l’avouer mais « galère » pour y arriver. La descente est encore plus laborieuse, c’est non sans joie que je remets mes roues sur l’asphalte. Ah ! sacré Georges ! tu n’as pas ton pareil pour aller dénicher ces belles routes de montagne.

 

 

Longue descente pour me récompenser de mes efforts jusque Fiera di Primeirio où je décide de continuer sur Agordo. J’avais ignoré le Passo di Cereda et ses 15 %, il me restera au travers de la gorge, ah ! quelle journée. En plus j’ai des difficultés à trouver un hôtel, je loge ce soir dans un « bed and breakfast » très grande maison, mes hôtes sont d’une extrême gentillesse, au retour du dîner, il m’offre le café et le petit verre de « gnole » à ce régime là, je vais atteindre Venise rapidement.

Une fois n’est pas coutume, et puis ce soir c’est la veille du grand jour, c’est la veille de l’arrivée à VENIZIA !

 

AGORDO - VENISE : 145 km

Le confort inégalable de ce « bed and breakfast »  se ressent encore ce matin, la salle pour le petit déjeuner est de toute beauté, tout en lambris, rien ne manque, je me restaure copieusement et quitte cette charmante demeure l’estomac bien rempli prêt à affronter les 150 derniers kilomètres de ce voyage.

Les grandes difficultés sont maintenant derrière moi, le Passo St Boldo en devient une simple formalité, par contre la descente est spectaculaire. Imaginez une route en lacets très serrés et le tout dans un tunnel, l’architecte qui a conçu cette route à quand même eu l’intelligence de la faire à un sens de circulation alternée, et de faire après chaque virage une partie découverte, surprenant et je crois assez rare.

La route jusque Trévise est à forte circulation, il faut redoubler de vigilance. Je contourne Trévise et admire les riches maisons. A 15 h 30 je suis arrivé à Mestre, l’antichambre de Venise. Mestre est une grande ville, je m’approche de la gare à la recherche d’un hôtel pour la nuit. Les tarifs sont ici prohibitifs. Mon choix se porte sur l’hôtel Giovanina, il présente le triple avantage d’être situé à 300 mètres de la gare, de ne pas être trop cher, et d’avoir une cour et un abri d’où je pourrai démonter demain tranquillement mon vélo.

Une bonne douche, tee-shirt propre, randonneuse soulagée de ses lourdes  sacoches et me voici parti pour l’ultime tronçon qui va me conduire par la fameuse route N11 qui enjambe la lagune jusque Venise.

Je redoutais un peu ce passage annoncé par beaucoup comme très dangereux à cause de la circulation, en fait il existe une sorte de piste cyclable qui longe la route et qui vous met complètement  à l’abri.

Soudain j’aperçois dans le lointain les premières maisons de Venise, puis le panneau « VENIZIA » je ressens à cet instant une grande émotion, de la joie, du bonheur, tout se bouscule dans ma tête, Venise j’y suis arrivé avec mon vélo !

Un couple de cyclos Hongrois empruntant le même chemin s’arrête à ma hauteur, nous échangeons quelques mots sur l’émotion qui nous envahit, la photo souvenir devant le panneau, immortalisera  à jamais ce délicieux moment.

Cette fois c’est fini, je suis arrivé au terme de mon voyage, quel bonheur. Arrivé dans la ville, je m’empresse d’acheter les premières cartes postales et de boire une bonne bière.

Le soir, je dînerai au bord du grand canal, avec en toile de fond les gondoles :

Elle est pas belle la vie !

 

Le lendemain je retourne à Venise mais cette fois avec le train, mon vélo attendant sagement à l’hôtel.

Il est 16 heures quand je termine le démontage du vélo, il a pris place dans la grande housse spécialement prévue pour cela et transportée depuis Chauny sur le porte bagage arrière, avec quelques outils.

Ensuite je me rends à la gare de Mestre, là commence la partie la plus pénible du voyage : le retour. Il me faut attendre 3 longues heures sur le quai de la gare, puis 13 heures de train, ensuite le métro jusque la gare du Nord, là de nouveau 3 heures d’attente pour enfin monter dans le train qui me ramène à Chauny. Il est 14 heures quand je débarque sur le quai de la gare, fatigué mais heureux.

Le devoir est accompli, CHAUNY-THONON-VENISE est fini, et par la même occasion je termine la grande traversée des Alpes à vélo.

 

CHAUNY le 16/11/2003

Jean-Marc LEFEVRE