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De Bayard à la Burotte, 1000 cols

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Cette belle aventure a commencé en 1978 avec le col Bayard, premier col franchi, à 14 ans. Elle s'est terminée le 25 juin 1998 avec l'ascension du 1000 ème col : la Burotte dans les Vosges.
Deux décennies de passion du vélo en montagne, partagée avec mon père (lui en voiture suiveuse).

Les premières années, malgré un manque d'organisation et de moyens, les saisons étaient fructueuses et j'ai pu intégrer le Club des Cent Cols dès 1984. Grâce au guide Chauvot , nous avons pu mettre au point quelques circuits ratissant les secteurs à forte concentration de cols : 78 cols franchis en 8 jours dans le Beaujolais (sans faire les caves!), 74 cols en 8 jours dans l'Ardèche, magnifique région à la beauté sauvage.

L'année la plus faste fut 1991 avec un séjour inoubliable à Andermatt en Suisse. Vertige de la beauté, de l'altitude et de la glace. La trilogie Susten-Grimsel-Furka est fabuleuse. Il faut visiter la grotte creusée sous le glacier du Rhône et voir les deux gros nounours qui vous y attendent.
Je vous recommande aussi le Nufenen-Pass, suivi du Saint-Gothard par l'ancienne route pavée. Il ne faut pas oublier que des attelages de diligences et des cavaliers ont emprunté ces pavés bien avant nous pour passer de l'Italie en Suisse.

Nous avons terminé en 1992 les plus de 2000 m de Suisse en descendant sur l'Italie du Nord pour inscrire à notre tableau de chasse les spectaculaires lacets du Stelvio par les versants Est et Nord (Umbrail-Pass) et le col de Gavia. Notre quête inlassable des cols nous a conduits dans les Pyrénées en 1994 et 1996 : Tourmalet sous la canicule, Tramassel et Aubisque dans le brouillard. En haut du col de Beyrède, des chevaux en liberté étaient venus manger dans nos mains ; plutôt sympa ! Le col de Pailhères fut mon dernier 2 000 goudronné franchi : il fût dur, mais il avait lui aussi son petit troupeau de chevaux au sommet, mais indifférents ceux-là.
En haut de chaque ascension, je retrouvais mon père et son intendance réconfortante, pour me réchauffer, me sécher et m'alimenter, petits soucis bassement matériels que nous avons tous connus. Puis nous prenions des photos pour l'album souvenir. En 1997, avec 945 cols, la dernière ligne droite approchait, paradoxale pour des cols! Et c'est mon épouse qui m'a poussé à atteindre cette barrière mythique des 1000 cols avant l'an 2000.

Le programme de clôture se fit donc dans les Vosges en juin 1998 pour passer des 945 aux 1000 cols en une semaine. Vélo le matin, farniente l'après-midi, à Gérardmer, c'était super. Que c'est beau 1000 cols! C'est le plaisir après la souffrance, la victoire après l'incertitude, la volonté et la persévérance face au renoncement, l'humilité face à la montagne. C'est aussi les entraînements tout au long de l'année avec les sommets et les ascensions multiples non comptabilisés, les cols non trouvés, les rencontres sympas comme l'Auvergnat du col de Ceyssat ou la photographe au relais du Chat ...Bref, le vécu d'une passion pendant 20 ans.

Merci, Papa, pour tous les cols que l'on a connus ensemble. Je te devais le 1000 ème. On l'a fait ensemble.
Merci Chantal, de m'avoir soutenu jusqu'au bout.

Cette belle aventure est terminée, une autre aussi belle commence, mais ça c'est une autre histoire...

Jean-Pierre PICHARD N°2099

de CHÂTEAUROUX (Indre)


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