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A la recherche du temps calme

Revue N° 27 Page 49a

Ma région toulousaine se prête encore au cyclotourisme pour qui veut bien se donner la peine de chercher, de fouiller parfois et de trouver souvent le chemin vicina1 qui permettra à chacun de péda1er dans de meilleures conditions, loin des voies dites à grande circulation. Mais il est des paramètres qu'il nous sera toujours difficile de maîtriser, ce sont ceux liés aux caprices du ciel.

Lorsque s'abattent sur nous des pluies printanières ou orageuses, le peloton cyclo sait se parer de jaune dominant, couleur désormais première dès que les intempéries viennent troubler la quiétude d'un groupe pédalant.
C'est le moment où chacun se pare de ses plus beaux oripeaux, tous plus efficaces les uns que les autres... certains adoptent l'ultra léger "Vite roulé vite mouillé", d'autres plus argentés optent pour des tissus "à fibre ultra perfectionnée" laissant l'eau dehors et la transpiration dedans ; d'autres encore choisissent le "vêtement montgolfière" dont la super étanchéité masque la vue de ses pignons, de son bidon, de son compteur et pire encore de sa compagne préférée... Il existe aussi une dernière race plus ou moins répandue suivant les régions, les circonstances et la température du moment, ce sont les stoïciens, disciples de Zénon sans le savoir, qui, contre vents et marées, ne bronchent pas, ne s'arrêtent pas, partisans de la raie au milieu des cheveux, au milieu du dos, celle-ci plus colorée que celle-là, misant sur un arrêt prochain des vannes célestes afin de sécher le plus naturellement du monde au mépris du refroidissement insidieux risquant de les priver de la prochaine sortie... humide !!!

Dans tous ces cas, je ne peux passer sous silence les effets pervers de toutes ces situations : absence d'unité vestimentaire rendant caduque l'harmonie du club, projection intempestive d'eau très trouble, maculage du bidon par ces mêmes projectiles rendant aventureuse toute tentative d'approche du dit bidon des lèvres asséchées par l'effort, sans oublier la crevaison qui arrive toujours au mauvais moment (j'attends une explication argumentée sur le " bon " moment !), crevaison qui permettra au malheureux d'avoir les mains aussi sales que les pieds... à moins qu' il ait choisi de conserver ses gants déjà passablement transformés par l'humidité du jour.
Malheureusement rien n'a été trouvé pour contrecarrer les effets d'Eole, qu'il vienne de l'ouest et surtout du sud-est, notre cher autan. Si nous sommes en groupe, la discipline veut que chacun pense à abriter le voisin, qui abritera le voisin afin d'abriter son voisin voire sa voisine, ce que certains appellent " des bordures " ou pire " des éventails " pour ceux, vous l'avez compris, qui manqueraient d'air bien sûr. Dans ces cas-là, interdiction est faite à chacun de parler pour ne pas être entendu et à fortiori de bâiller, car, par réaction inverse, le dit bâilleur se verrait fortement freiné et de ce fait risquerait de provoquer une cassure fort préjudiciable au bel ordonnancement du groupe où comme je viens de vous le dire chacun abrite le voisin qui par instinct grégaire abrite le suivant...et ainsi de suite comme vous l'avez compris. Certains, rares dans ce cas-là, préfèrent retourner leur monture pour ressentir les effets bénéfiques dans leur dos au risque de s'éloigner irrémédiablement du lieu prévu pour l'arrivée... en principe, ils ne commettent jamais deux fois cette erreur de stratégie. D'autres, rares aussi, choisissent la fuite en avant afin d'aller voir si le virage suivant n'est pas plus abrité que le précédent ; ils reviennent alors en sens inverse le signaler par pure charité désintéressée au groupe dans lequel, vous le savez maintenant, chacun abrite son copain et ainsi de suite.

Il me serait possible bien sûr d'examiner les ravages occasionnés par la pluie mêlée au vent. Cette vision apocalyptique me fait déjà frémir, car je n'ose imaginer ce que pourrait être le groupe disparate, fourbu, où la "montgolfière", jaune de préférence, tenterait d'abriter un "vite roulé vite mouillé " lequel projetterait involontairement bien sûr des débris animaliers sur un vêtement de "fibre u1tra-perfectionnée" qui à son tour arroserait copieusement l'adepte du "tout ou rien" et ce, par vent de trois-quarts-face, rendant aléatoire l'équilibre de tous et de chacun, pendant qu'un "courageux-téméraire" irait voir au virage suivant si le vent est plus faible et la route plus sèche ... non ! Bien sûr tout cela, vous l'aurez compris, n'est que pure fadaise et délire d'un jour où la pluie frappa fort et le vent me freina !

Michel SAVARIN N°2739

de FOSSAT (Haute-Garonne)


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