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Monter les cols dans un fauteuil à la sueur des Chauvot

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A l'automne, quand le raccourcissement des jours élimine le jardinage du soir et que la nostalgie des cols se manifeste, il est temps de préparer les randonnées de l'année suivante. La carte sur les genoux, un quadruple décimètre dans chaque main et le Chauvot dans celles du conjoint, vous pouvez alors retrouver l'excitation de l'arrivée en haut d'un col en découvrant l'oiseau rare, un col que vous avez monté sans le savoir et que vous allez pouvoir rajouter à la liste de vos exploits avant de l'envoyer à Henri Dusseau.

Nous avions déjà pratiqué occasionnellement cette chasse aux oublis sans en faire une pratique extensive, mais en 1996 nous avons basculé dans l'activisme sous l'influence conjointe du nouveau Chauvot et d'un bilan de l'année en cours nous plaçant à une dizaine de cols d'une centaine.

Nous étions partis en vacances sans nous souvenir l'un et l'autre de notre bilan 95, je penchais pour un total approchant les 650, ma femme en tenait pour un peu plus de 600. Au retour, nos archives et la revue des Cent Cols indiquaient 645. Le bilan de l'été avec un mélange de Chablais, de Vercors, de Trièves et d'Aubrac fut arrêté à 45. Total 690 et aucun projet de col ni de vacances avant la fin de l'année. Il fallait se résigner à passer un hiver avec ce six cent nonante un peu frustrant.

Commence alors notre débat traditionnel sur les choix de l'année suivante. Nous avons deux pratiques, le voyage à vélo ou gagner une région en voiture et changer de ville tous les trois ou quatre jours. La seconde technique permet de se placer dans un endroit stratégique au centre d'un nid de cols et d'exploiter à fond la carte au 1/25 000 de l'IGN et le Chauvot pour atteindre des records journaliers du style 19 cols en 90 kilomètres (parc du Haut Languedoc autour de Murat). Le voyage à vélo est plus touristique et a le charme de l'aventure. Nous le pratiquons en circuit ou en ville à ville.

La randonnée circulaire de la porte du jardin de Saint Nom la Bretêche à la même porte du jardin deux semaines plus tard peut nous faire remonter la Loire, traverser le Charolais et le Beaufortain, passer l'Iseran, le Mont Cenis, suivre la route stratégique Susa-Sestrières familière aux lecteurs de la revue, revenir en France par le Montgenèvre, descendre la Durance, remonter vers les sources de la Loire et rentrer vers Paris (2088 km). Le ville à ville avec retour en train accroît le rayon d'action, St Nom-Milan, ou Stockholm, Vienne, Venise (2 fois), Grasse... Dans les deux cas il faut chercher à aligner le plus de cols possibles dans les régions traversées, sans trop s'attarder si l'on veut revenir au départ ou atteindre le but fixé. Le compromis laisse des regrets au moment du bilan annuel, quand on réalise que quelques kilomètres de plus (courts dans un fauteuil, plus longs au moment de faire le détour !) auraient fait connaître un col par lequel on ne passera peut-être jamais.

Esquissant un troisième St Nom-Venise par la Lorraine, la Bavière et l'Autriche, nous commençons à pointer les cols alsaciens ou lorrains inconnus. Le Parc des Vosges du nord à l'est de Bitche est prometteur avec une nuée de cols faciles sur des routes secondaires ou forestières. Il est également tentant de traverser les Vosges plus au sud, il y a encore à faire entre Saverne et Belfort. Carré par carré, la carte IGN au 1/100 000 se constelle de croix rouges faites au marqueur pour faciliter l'établissement d'un parcours qui réunirait le plus de cols manquants. Première découverte en pointant le col de Pandours sur la D218 entre Oberhaslach et Wandebourg, je me souviens que nous avons emprunté cette route lors d'une randonnée où nous étions passés au château et à la cascade du Nideck. Je fouille dans mes carnets de route, c'était le 29 juin 1984. Le même jour nous sommes allés coucher au col du Donon en empruntant la route des Russes et le suivi du parcours sur la carte me fait récupérer le col de la Côte de l'Engin. Encouragés par ces découvertes, on étend les recherches.
Le nouveau Chauvot est une mine d'or avec des tas de cols que nous n'avions jamais incorporés à l'édition de 1981 en utilisant les listes complémentaires publiées par la revue. Notre pointage nous fait ajouter les cols de St Léon, de Moorfeld et de la Grande Basse. A ces retrouvailles de cols méconnus par manque de documents à jour il faut ajouter les erreurs matérielles, simples oublis lors de l'établissement de la liste annuelle. Passant cette année par le col de la Croix Haute, j'avais noté qu'il ne devait pas être inclus dans la liste de l'année, nous l'avions déjà gravi le 4 juillet 1987. En vérifiant son existence sur ma base de donnée c'est la surprise, pas de col de la Croix Haute dans les 645 des années précédentes !

Une fois fait ce ménage, restent les cas de conscience, les cols pour lesquels le doute persiste. Nous sommes passés par le col de la Bonnette. sur le Chauvot est apparu un faux col de Restefonds indiqué D9 R1, sans coordonnées Michelin, ce qui semble indiquer qu'il n'est pas sur la route goudronnée mais sur un chemin. Mais si c'est le cas pourquoi est-il indiqué D9 ? et d'abord qu'est ce que cette D9, sur la carte Michelin comme sur celle de l'IGN qui va de Jausiers à la vallée de la Tinée qui n'a pas de numéro ! Passant à l'IGN rue de la Boétie pour compléter ma collection du Vercors au 1/25 000 je regarde la carte de Restefonds, il semble bien que le faux col soit sur la route, environ 1 km avant le col de la Bonette. Je m'aperçois qu'il était facile de gagner le vrai col de Restefonds en empruntant la route non revêtue qui part du faux col, il faudra revenir ! par contre j'avais remarqué la possibilité de gagner le col des Fourches à travers l'alpage lors de la descente et celui là était bien sur la liste.

Dans le même style de cols bizarres je classe les deux cols de St Nizier du Moucherotte, dans le Vercors. On a tourné dans St Nizier et autour dans tous les sens en pensant les tenir à plusieurs reprises, je voyais le col de Boirçon sur la crête au dessus du tremplin de ski, mais sur le terrain rien ne ressemble à un col. rentrés à la maison et en relisant la revue de 1995 nous découvrons un article de Daniel Provot qui signale qu'une superbe pancarte marque le col. Nous ne l'avons pas vue, avons-nous passé le col de Boirçon ? Moralement oui et à plusieurs reprises !!! en réalité j'ai encore un doute. Le Chauvot le localise en 185-186 soit 400 mètres à l'est et 700 mètres au sud du Goulet qui est lui en 181-193 et ressemble à tout sauf à un col !

Finalement après avoir parcouru tout ce qui est cyclable dans la commune, le seul vrai col de St Nizier est sur la petite route en cul de sac qui démarre sur la droite de la D 106f à 300 mètres du carrefour avec la D 106. Il est bien marqué, entre la montagne et un joli mamelon boisé qui culmine à 1220 mètres pour l'IGN. La vue est superbe sur les gorges du Furon, hélas ce n'est pas un col, ni sur la carte, ni dans le Chauvot.

Je rajoute finalement le Boirçon et le faux col de Restefonds et nous sommes à 698. En fait 699 mais le 699 pose un problème, il n'a jamais été enregistré par le Club car je ne le connais pas. C'est notre col inconnu. je l'ai entré un jour dans mon ordinateur après l'avoir découvert plusieurs années après son ascension, hélas un logiciel performant l'a réincorporé à sa place et à la date réelle où nous l'avions franchi sans que j'en garde une trace sur un fichier intermédiaire pour l'ajouter à ma liste. Il est donc perdu dans les 699 cols des vingts dernières années et nous n'avons pas le courage de pointer toutes les listes annuelles pour le localiser. Il restera notre col inconnu.

Je suis sur qu'avec un peu de persévérance on pouvait dépasser les 700, bien au chaud, les épaules bien relâchées pour éviter la crampe du décimètre, en faisant travailler pour nous Robert et Monique Chauvot.

Claude-Marie et Claude GOT

N°1860 et 1861 de St NOM (Yvelines)


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