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Ne pas s'endormir dans le Sommeiller !

Revue N° 23 Page 60

- 14 Août 1994 - En séjour dans le Briançonnais, j'envisageais depuis longtemps d'aller grimper le Sommeiller, ce fameux col de 3000 mètres situé en Italie.

Le moment était propice, la météo optimiste et j'étais en bonne forme.

A 6h30, départ du col de l'Echelle (Vallée de la Névache). Le soleil sera de la partie, le grand ciel bleu est au rendez-vous. Je descends le versant Italien jusqu'à Bardonnecchia (Altitude 1160m). Il est 9 heures, je prends la route de Rochemolles pour une grimpée de 25 km et arrivée à 3000 mètres ! C'est un bon programme.

Les 3 premiers kilomètres sont assez pentus (plus de 10%), la forêt verdoyante est agréable, je grimpe bien. Une portion plate longeant un petit lac me permet de récupérer un peu. La route est goudronnée jusqu'au village de Rochemolles où de nombreuses voitures sont rangées à l'entrée.

C'est ensuite un mauvais chemin bien abîmé par les 4x4. Laissant le village sur ma gauche, j'aborde la partie pierreuse qui comporte encore un bon pourcentage. Il faut mouliner souple pour bien passer assis. J'arrive dans un fond de vallée plat, au niveau du refuge Scarlioti blotti au milieu d'un cirque cerné de montagnes. Le coin est splendide.

La "route" s'élève en lacets sévères, une vieille barrière levée ouvre le chemin, pierreux à souhait. Une jolie cascade donne un peu de fraîcheur, des chevaux sont couchés dans un coin d'herbe verte.

Des 4x4 ont du mal à passer dans ces lacets serrés et je dois être très prudent. Ce passage assez dur franchi, la route descend un peu et une grande ligne droite sableuse me conduit au pied de nouvelles difficultés.
Les pierres sont encore là. Des 4x4 montent toujours avec des skis sur le toit. Le glacier du Sommeiller a du succès auprès des skieurs. Mais pour laisser passer ces monstres, je suis obligé de rouler près du précipice où de poser un pied à terre. Curieusement une portion goudronnée a résisté au temps, mais cela ne dure pas. La pierraille est là et ce sera jusqu'au sommet.

Le paysage est grandiose. Je passe en bordure de grandes plaques de glace pour arriver au petit lac. Le refuge à l'abandon n'est pas utilisable, c'est dommage. Le chemin continue jusqu'au col Sommeiller un peu plus haut où je grimpe. J'apprendrai par la suite que c'est le Sommeiller Est à plus de 3000 mètres et que j'ai loupé le Sommeiller Ouest à 2993 mètres.

En fait, il y a deux cols Sommeiller ! C'est l'ami Rossini de Thonon qui me l'a appris. Et voilà ! J'ai dû m'endormir dans le Sommeiller !

Je me souviens maintenant avoir lu dans la revue du "Club des Cent Cols" un texte parlant des deux Sommeiller. Comme quoi on ne prépare pas assez ses sorties pour récolter des plus de 2000 ! Que voulez-vous, je ne suis pas un "pro", je chasse les cols en amateur !

Il est midi, je casse la croûte au bord du petit lac. Quelques photos, je suis content puisque j'ai mis trois heures pour grimper ce col. Le ciel bleu, les neiges éternelles, des skieurs qui s'amusent bien, c'est fantastique. Et tant pis pour moi, j'y remonterai l'an prochain pour le Sommeiller Ouest..

Et j'emmènerai des copains qui aiment le VTT et qui chassent les cols durs !

Jean-Claude MOUREN N°1870

AIX en PROVENCE (Bouches du Rhône)


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