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Mon 1000ème COL

Revue N° 23 Page 22

Quand on est arrivé à 953 cols différents, on se dit qu'il ne reste qu'un petit effort à faire pour atteindre le fameux seuil des 1000 !! Tout comme le précédent seuil des 100 d'ailleurs...

Alors on y va... On se prépare (sur les cartes bien sûr !!!), quelques petites "expéditions", par-ci, par-là, pour arriver sans laisser trop de sueur. Et pour cela quelques massifs sans difficultés majeures sont à explorer plutôt que d'autres bien plus pentus parce que plus hauts... On choisit donc.

Seulement voilà, les contraintes familiales, économiques, voire de budget impliquent un autre choix et à ce moment là on compose. Ce qui signifie qu'on grappille, de-ci de-là quelques cols qui s'ajoutent tranquillement à la liste: tout ce qui est pris, n'est pas à prendre dit-on, C'est exact? Et puis on arrive; tout doucement à 996, en ayant bien patienté, mais en étant très vigilant.

A la faveur d'un déplacement, plutôt utilitaire et d'aménagement d'un studio familial; le vélo étant systématiquement du voyage, on attaque enfin.

On est à Tignes Val-Claret, altitude: 2200 mètres s'il vous plaît, Yapuka...

Premier objectif : le Petit Saint Bernard (2188m). Mais tout d'abord, il faut descendre soit à Sainte-Foy Tarentaise, soit à Seez. Le choix, c'est Sainte Foy, et la petite route des Masures et du Miroir est bien tranquille. Et pour cause le pourcentage et l'étroitesse de la route sont à même de rebuter bon nombre d'utilisateurs. Pour nous, pas de problème: la moulinette est là pour le pourcentage. Quant à l'étroitesse de la voie, cela s'adresse plutôt aux véhicules motorisés, néanmoins la prudence est de mise.

Quand je dis NOUS ? cela signifie que nous sommes deux dans la galère. Bien sûr, Madame, ne possédant que 820 cols à son compteur est loin des 1000 (!), mais n'en a jamais été aussi près... Il faut dire qu'une reconstitution de carrière commencée en 1953 (il n'y a que 41 ans après tout ), cela donne forcément des possibilités et si l'on possède tous les arguments pour contrôler, c'est facile.

Bref, nous montons. Temps idéal. Ni trop chaud, ni trop froid. La gêne vient plutôt de l'altitude qui entraîne quelque manque d'oxygène : étonnant pour des anciens qui savent bien qu'il ne faut pas oublier l'acclimatation. Et bien oui, on s'est mal préparés. Grimpée donc, entrecoupée d'arrêts décompression et ravitaillement et on atteint enfin la N 90 où le pourcentage est bien plus accessible à nos capacités du moment.

Final avec vent favorable depuis la Rosière. Le vieil hospice, bien dégradé serait peu-être en réhabilitation si l'on en juge par tous les engins de travaux publics qui l'entourent. C'est bon de faire revivre le passé. 2188 (c'est l'altitude) on l'a bien mérité celui-là, c'est mon 997ème.

Le lendemain, fort de mon expérience de cyclomuletade, je m'engage, en solo, dans la montée du col de Fresse. En hiver, quand on voit cela sous la neige, et avec des skis, on a toujours un regard tourné vers le futur et on se dit que cela devrait être sans problème pour les beaux jours; donc c'est parti.

D'abord en premier trouver le départ du sentier ou du chemin d'exploitation, et dans ces stations d'hiver modernes tout est bouleversé. Et je trouve, enfin, après un moment de portage assez méchant. Tout à la joie de retrouver les anciennes sensations, je ré-enfourche la machine, j'accroche le 26x28 et vogue la galère...

Le vent qui favorise l'avance de la galère, serait plutôt contraire tout d'abord. Ensuite le pourcentage, après la montée pédestre qui laisse toujours des traces dans les mollets, est bien sévère. Et enfin le revêtement du chemin n'est constitué que de pierres, pierrailles, silex, sable ou boue, et cela ne facilite guère l'accrochage du pneu: je ne peux que progresser assis.
Et ce qui doit arriver arrive, ça capitule... Je me dis qu'avec le V.T.T, ce serait sûrement passé (tu parles!!!)... et je te rebrousse chemin. Au retour, je trouve bien entendu, la route qui descend en plein centre de la station et qui aurait évité ce malencontreux et fastidieux portage. On ne m'y reprendra plus... jusqu'à la prochaine occasion. Loupé pour le 998ème.

Le jour suivant, étape transport en voiture jusqu'à Moûtiers et de là, on chausse les cale-pieds pour le col de Coche, 1434m.

Belle et grande route largement utilisée par les motorisés, c'est la voie qui mène aux Menuires et à Val Thorens, alors... On la quitte au bout de 7 km pour emprunter un petit vicinal en direction de le Puits. Et là, c'est raide, 12 à 14 %. Même pas le prétexte des arrêts "fraise des bois", plus aucun fruit sur les plants!!! pas de chance. Montée en forêt néanmoins très sympa, en suivant le fléchage du barrage de la Coche, donc c'est une retenue artificielle. Dernier virage et l'on découvre une immense piscine, ovale comme un vélodrome, tout béton: étrange. Un panneau indique que la station de production électrique est souterraine : pas visitable aujourd'hui, d'ailleurs on ne sait même pas où elle se trouve.

On fait le tour de ce lac, pour emprunter une portion de chemin qui soit différent de celui de l'aller. Quelques belles échappées sur la vallée ensoleillée, mais dieu que nous sommes hauts ici, la circulation semble lointaine et on ne distingue qu'à peine les véhicules cheminant sur la route vers Albertville. Pique-nique improvisé loin de tout et de tous : c'est bon, même pas la nostalgie d'hier ni d'autre chose... Bon, allez, il faut rentrer: c'était le 998eme.

Maintenant, changement de décor, en retournant vers l'Ile de France, une petite escale en Vercors nous permet, joignant l'utile à l'agréable, de consacrer une demi-journée à la requête de l'année.

Au départ d'Autrans, sortie familiale, avec comme but avoué la grimpée du 999eme et l000ème col de la carrière. Tout d'abord, le col de la Croix Perrin, connu et escaladé depuis des lustres; ensuite grimpée à Saint Nizier du Moucherotte; C'est pas non plus du nouveau pour nous. A l'entrée du village, on bifurque à droite pour une petite montée tranquille, très courte et qui nous mène au Goulet 1170m, qui n'est autre qu'un col entre les vallées du Furon et de l'lsère. Et de 999, il n'en reste qu'un.

On descend un peu, puis l'on remonte de quelques mètres en quelques centaines de mètres et voici le col de Boirçon, 1239 mètres attestés par une pancarte flambant neuve.

Eh ben voilà : le 1000ème est là. Il n'est pas grand, pas haut, pas célèbre, mais on y est... Et ça s'arrose à la terrasse du premier café qui se présente : rien d'extraordinaire, même pas au Champagne, seulement un Liptonic, tout simple.

Il n'y a plus qu'à redescendre à Lans en Vercors, puis remonter à la Croix Perrin et rentrer à Autrans. C'en est fait, le cap est passé sans tambour ni trompette, sans histoire, ni tralala.

1000 cols, 10 fois 100 cols: que de souvenirs et dont les plus vivaces et les plus intenses ne sont pas forcément liés aux plus longues ou plus dures ascensions.

Daniel PROVOT N°194

Versailles (Yvelines)


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