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CERTITUDES

Revue N° 10 Page 39

«Mais... ce n'est plus du vélo !
La sentence paraît irrévocable.
Mais aussi, pourquoi diable aller passer ce col, pas même carrossable au plein de l'hiver à peiner sur un sentier enneigé, et le vélo sur l'épaule ?
L'interlocuteur est perplexe.
Pourtant,
on sait le temps passé, penché sur la carte.
On sait l'appréhension, quand on a quitté la route déjà verglacée pour s'engager sur le sentier recouvert de neige. Un chien aboyait.
On sait le contentement, lorsqu'on a vu que, pour cette fois, la piste était bien tracée,
et le plaisir de découvrir les marques rouges jalonnant le parcours.
On sait tout le pénible de la montée, les arbres tordus, les buis ployant sous la neige, les panoramas aussi.
On sait quand on a trébuché sur la pente trop raide.
On sait le morceau de pain, son goût qui redonne courage.
On se rappelle quand on a trouvé la petite plaque de bois sur laquelle était gravé «Col de Sonnaize 782» (on en a maintenant la photo, avec le vélo planté là devant, dans la neige).
On se souvient aussi dans la descente, alors que la neige avait déjà pénétré les bottines et que le froid avait déjà mordu les doigts de pied, on se souvient avoir vu, sur l'autre versant, une gouttière très raide, contournant le haut de la montagne, et au centre, on y devinait la trace du sentier menant au col des Marchands.
On sait qu'on y a pris rendez vous.
Quant à savoir si ce sera du vélo...

Bernard Chanas

Oyonnax (01)


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