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L'EXERCICE DE LA BICYCLETTE EST FAVORABLE A LA FEMME

Revue N° 06 Page 13

"Pratiqué avec modération, l'exercice de la bicyclette est favorable à la femme dont il exalte la vigueur, tout en modifiant ses dispositions névropathiques trop fréquentes. Pour être utile, cet exercice doit être journellement fait une heure ou deux au maximum, afin de favoriser l'expansion organique régulière et la tonicité nutritive.

L'allure doit être douce, le costume large, le corset peu serré ; je conseille même volontiers le port d'une bonne ceinture hypogastrique. La bicyclette devra, d'ailleurs, être formellement interdite à toute femme souffrant de métrite ou d'affection du petit bassin. Chez les jeunes filles, je considère cet exercice comme un excellent emménagogue : ce qui signifie qu'il stimule et régularise puissamment la fonction mensuelle, boussole de la santé féminine : toto mulier in utéro.

Forme moderniste et ingénieuse de la gymnastique en plein air, le bicycle développe le sang-froid et le sens musculaire, tonifie les muscles du tronc, amplifie la poitrine, assouplit les articulations, favorise le bon fonctionnement de l'estomac et de l'intestin...

Il importe seulement de se méfier de l'abus : ainsi que je l'ai dit dans mon livre "La santé par l'exercice", il faut aussi éviter les mauvais terrains et les vibrations néfastes qui en résultent : éviter les appareils mal suspendus. Je conseille donc les bicyclettes munies de pneumatiques. Je pense, enfin, qu'il faut interdire ce genre de sport aux sujets trop maigres, à cause des compressions nerveuses occasionnées par l'arête du siège vélocipédique.

L'usage un peu assidu du cycle avant l'achèvement de l'ossification (vingt ans) est capable d'entraver la croissance et de faciliter les déviations de la colonne vertébrale. Quant à l'assimilation que certains ont cru devoir établir à un point de vue très spécial entre le vélocipède et la machine à coudre, j'estime qu'elle est peu fondée ; l'activité du corps et la distraction de l'esprit suffisent largement à dissiper cet inconvénient au cas où il se produirait" .

( Dr MONIN, vice-président de La Société d'Hygiène de France avant 1900 )


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