Une spéciale... la strada dell’Assietta

 

Après avoir lu plusieurs articles se rapportant à cette fameuse "route stratégique", nous avons décidé de tenter cette randonnée avec nos montures classiques (type course) et par la même enrichir notre capital de + 2000. Et puis il faut le dire, on voulait relever le défi.

La date est fixée au 9 août, la météo est satisfaisante. Le moral, nous l’avons, la condition également, une bonne préparation matérielle, alors c’est OK... ! Bien que basés à Briançon, afin d’économiser les chevaux, il est décidé que nous partirons le matin même de Sestrières. Nous serons récupérés par nos épouses à Chambons dans la descente vers 14 h 00.

9 h 00, c’est le départ, après quelques hésitations sur le terrain, suite à des renseignements évasifs, nous dénichons l’amorce de la piste, car à partir de cet instant, fini le goudron pour au moins 50 km. Sage précaution, je remets à sa juste place le panneau Colle Basset qui gisait dans les broussailles. Cela peut être utile aux suivants. Car ces quelques lignes sont écrites pour en décider plus d’un. Dès les premiers mètres, c’est l’enfer, les pluies de la veille n’ont rien arrangé. Le tout à gauche est de rigueur et il le restera jusqu’à la fin. Le chemin est dans un état effroyable, il faut jouer du guidon, rester assis pour éviter de patiner. Par endroit, ce sont de véritables marches à escalader, zigzaguer de droite à gauche, surtout éviter le pied à terre, car c’est la marche assurée, seul il ne serait pas possible de renclancher et poursuivre. Après 55 minutes de sueur car il fait chaud et de jurons, nous sommes au sommet du Colle Basset (2404m). Quel coup d’œil magnifique de chaque côté une vallée et à gauche le mont Fraiteve (2701m) et son relais. Première rencontre, une famille est là et c’est l’occasion pour nous de fixer un souvenir. C’est reparti, la piste toujours en mauvais état. Je crois qu’il faut s’en faire une idée. Deux marmottons sautent de rocher en rocher sur notre droite en contrebas. Ce seront les seuls de la journée. Ce qui est impressionnant, c’est le grand silence, pas de chant d’oiseau, seule une nuée de minuscules papillons bleus au ras du sol par endroit.

Au prix d’un bel effort, nous voilà au Colle Bourget (2299m) et dans la foulée le Colle di Costa Plana (2313m) facile ce dernier. Toujours la rocaille, les dévers, à nouveau il faut se faire violence pour gravir un piton et dénicher dans la descente le Colle Blégier (2381m). Nous sommes dans les temps et tout se passe bien, ça tient un peu du miracle ; croisons les doigts... Le temps de quelques photos et d’admirer le paysage, la vallée de Oulx-Sauze et au loin le tunnel de Fréjus, deux vététistes déboulent au Col par cette vallée. Eux aussi se sont tapés plus de 1000m de dénivelée, chacun sa peine ! D’après la carte, le cinquième col est à portée, 3 km mais le modelé du terrain ne nous permet pas de l’apercevoir. 11 h 30 nous y voilà, Colle del Lauson (2497m). Pause casse-croûte oblige, il faut reprendre des forces, nous sommes à la mi-parcours et tout va bien, il fait grand soleil. Au loin, on aperçoit la Testa dell Assietta avec son monument. Il faut repartir, environ 4 km de grimpette nous attendent, en chemin c’est la rencontre avec quelques "trials", croisement périlleux car il y a projection de pierres, mais ce sont eux les maîtres et il faut faire avec, pourtant des panneaux indiquent 15 km/h. A la Testa dell Assietta petite concentration de motos et de voitures juste le temps des photos-souvenirs et on part chercher le Colle dell Assietta au prix d’une descente scabreuse, à fort pourcentage. Mais ça passe à nouveau et rien de cassé, nous y voilà (2472m). Du col on aperçoit pratiquement les 12 km qui vont nous mener au Colle delle Finestre (2176m). Mais quelle descente impressionnante, il va falloir jouer serré pour ne rien casser ou crever. Mais avant, sur notre gauche un peu plus loin, on a la possibilité d’aller chercher le Colle du Mont Serin (2540m) un de plus dans l’escarcelle, ce qui est fait non sans mal. Enfin nous voilà au carrefour de l’hacienda delle Assietta. Le bétail occupe la piste, il faut se faire un passage, ça me rappelle la Corse. Photo de la ferme en cours de rénovation, et c’est reparti pour la dernière ascension 2,5 km, dernière suée et ça sera la descente infernale sur Agnelli et la délivrance sur la partie goudronnée jusqu’à Chambons, point de notre récupération.

Il est 14 h 30, ça fait 5 h 30 que nous sommes partis, 9 cols à + 2000, ça ne fait pas une grosse moyenne certes, mais nos prédécesseurs comprendront. Que ces quelques lignes incitent plus d’un à tenter l’aventure, car c’en est une, il suffit d’une météo capricieuse, des crevaisons et casse de matériel et c’est la chienlit, un calvaire. Il faut tout de même être prêt physiquement et un peu fada sur les bords. Mais c’est à faire au moins une fois, on en tire une certaine fierté et une joie intérieure intense. Bonne route aux suivants...

PS : après le Colle Lauson, vous pointez le Colle (sans nom) 2483m

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Pierre et Claude ANSEL, N° 209 et N° 4285, de REMIREMONT (Vosges)